MEDYATURK | Publié le . Mis à jour le

4 mineurs retenus par la police pour « apologie du terrorisme »

apologie du terrorisme albertville

Quatre enfants âgés de 10 ans ont été retenus pendant plus de 11 heures par la police d’Albertville, jeudi, pour des accusations qui seraient liés à « l’apologie du terrorisme ».

En effet, interrogé jeudi soir par l’Agence Anadolu (AA), le père d’un des enfants retenus par la police a dénoncé la force démesurée employée jeudi matin par la police pour venir chercher la fillette, qui est en classe de CM2.

« Avant 7 heures, les policiers ont frappé de façon a quasiment casser la porte »

Le père franco-turc, encore sous choc.

« 10 policiers masqués et portant des armes longues sont entrées dans la maison », ne comprenant pas l’agressivité et des cris des policiers.

« Ma fille de 10 ans a été accusée d’apologie de terrorisme, ils l’ont réveillée de son doux sommeil, puis les policiers nous ont ordonné nous s’asseoir ».

« Nous allons emmener E. Venez la chercher à 9 heures ! »

Les policiers

« Ils ont aussi pris des photos des décorations murales, essayé de trouver des indices en fouillant toute la maison. Quand nous sommes allés au commissariat après deux heures d’attente, ils nous ont posé beaucoup de questions sur nos croyances religieuses, si on fait la prière, etc. »

« Il nous ont interrogé ma femme et moi, pendant heures. À part les questions sur notre religion, ils nous ont aussi demandé ce qu’on pensait de la relation tendue entre Macron et Erdogan », explique encore le parent jugeant que les questions étaient impertinentes et parfois provocatrices.

A lire aussi : les articles sur l’apologie du terrorisme

« De la même façon, le matin, ils ont voulu clairement nous terroriser avec le bruit et la violence démesurée. Je ne comprends pas. 10 policiers hyper-armés, cherchant à, semblerait-il, défoncer notre porte, pour venir chercher ma fille âgée de 10 ans alors qu’elle dormait encore ».

Questions ou remarques d’enfants au sujet des caricatures

Selon le parent inquiet pour sa fille retenue depuis une durée de 11 heures, cette opération « démesurément agressive et notablement effrayante » de la police serait due à des questions ou remarques faites la veille par ces 4 élèves de CM2, suite à une discussion en classe autour des caricatures peu élogieuses sur le prophète Muhammad et le meurtre de Samuel Paty.

« Ma fille aurait fait une remarque sur le meurtre du professeur », explique le parent rappelant que son enfant n’a que 10 ans et qu' »elle ne sait rien de tout ça ».

« Ce ne sont pas des sujets dont nous parlons à la maison », explique ainsi le parent, ajoutant que « tout le monde connaît notre famille. L’école nous connaît très bien et nous d’ailleurs avons eu plusieurs enfants qui ont fréquentés la même école. S’il y avait un souci de radicalisation chez nous, tout le monde le saurait », explique le parent qui apprenait à l’instant même la future libération de sa fillette de 10 ans par la police, après 11 heures de retenue (garde à vue pour enfant).

Pas de réactions de la police ou de l’école

Interrogé jeudi soir par AA, le Commissariat de Police de la ville d’Albertville, a déclaré ne pas pouvoir donner d’information sur la retenue de ces quatre enfants. Le parent interrogé par AA a également noté que la police a refusé de leur remettre un document relatif aux motifs de la retenue de leur enfant. De plus ils ne connaissent toujours pas le motif de leur interrogatoire.

A lire aussi : les articles sur les violences policières

Selon le parent, deux des quatre enfants emmenés par la police ont été transportés à Chambéry, le Franco-turc déclarant ne pas savoir quel service s’était occupé de ces deux enfants.

Joint par AA, jeudi soir l’école où les faits évoqués se seraient déroulés, s’est abstenue de toute déclaration.

Rentrée sous pression de crise sanitaire

12 millions d’élèves ont repris les cours cette semaine, dans des conditions sanitaires renforcées, notamment par le port du masque obligatoire dès 6 ans.

Cette rentrée était également marquée par l’hommage au professeur Samuel Paty.

Le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer avait ainsi annoncé la semaine dernière qu’une minute de silence serait observée lundi à 11 heures, après la lecture de la lettre de Jean Jaurès aux instituteurs. Certains enseignants ont d’ailleurs remarqué la modification et la censure des certains passages de la lettre.

En outre, les enseignants avaient le choix d’organiser un « temps pédagogique » au cours du mois de novembre pour discuter du crime horrible ayant touché le professeur Paty, décapité pour avoir montré des caricatures jugées insultantes, du prophète de l’Islam, Muhammad (S.A.V.)

Source Anadolu Agency