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Notre vie n’a aucune importance pour les autorités

Le 19 février dernier, une jeune fille d’origine turque de 14 ans a été blessée par des tirs de balles à Creusot en Saône-et-Loire. Cette petite ville de 25000 habitants située au Sud de Dijon est depuis plusieurs mois à la proie des trafiquants de drogues. L’oncle de la victime, Halis Kalayci, témoigne ses inquiétudes à MedyaTurk, et a tenu à informer de la gravité de la situation.

« Il y’a une grosse communauté de turcs dans le quartier du Tennis », commence à raconter l’oncle de 33 ans. Il regrette que son quartier soit devenu une plaque tournante des trafiquants de drogues depuis un peu plus de trois ans.

« D’ailleurs, ça été la quatrième fusillade en moins de 2 mois! » précise-t-il. En effet, depuis un certain temps, les dealers se tirent dessus pour partager le marché.

Ce jour-là, c’est encore les vacances. Les enfants jouent dehors et Halis, exceptionnellement en congés, fume sa cigarette à la fenêtre.
« D’habitude les enfants ne sortent pas trop à cause de ces problèmes-là » explique encore le jeune homme. « Mais, pour un jour de vacances, ma sœur a autorisé ses enfants à descendre en bas pour jouer au ballon ».

Après avoir joué un certain temps, la victime monte chez elle pour ramener à boire à ses sœurs et frères qui continuent de jouer dehors.

« Les assaillants rentrent dans le bâtiment quand la victime sort de l’ascenseur. À ce moment, elle entend les tirs, et essaye de prendre la fuite par la porte arrière du bâtiment, en vain. Deux coups feux sont tirés dont un touche la vitre de la porte et le deuxième son genou. « On ne sait pas s’il a vraiment visé elle, ou si c’est une balle perdue. »

À peine le temps de comprendre ce qui se passe, Halis est alerté par sa sœur qui cherche sa fille car elle n’est pas rentrée avec les autres.
Ils descendent en bas de l’immeuble et trouvent la petite, grièvement blessée. L’oncle est d’ailleurs très furieux contre les employés de l’OPAC, un office d’HLM qui se trouve dans le même immeuble.
Selon, les dires de la victime, des employés de cet organisme se trouvaient à la terrasse en train de fumer quand elle a été blessée. Elle aurait demandé de l’aide mais ces « personnes ont préféré laisser ma nièce dans cet état et ont fermé le volet » dit-il avant d’ajouter qu’ils vont porter plainte « pour non-assistance à une personne en danger ».

Aussitôt, la police et les pompiers sont alertés par la famille. « Les pompiers sont venus 10 minutes avant la police » se désole l’oncle qui regrette que son quartier ne soit plus une priorité pour les autorités.
« Même à Marseille, y a pas ça », s’insurge-t-il avant préciser qu’aucune précaution n’est prise depuis des mois. « Personne ne s’occupe de nous parce qu’on est de la banlieue » fait-il savoir.

« Notre vie n’a aucune importance aux yeux des autorités qui ont abandonné le quartier », déplore encore Halis. 

Opérée pendant 5 heures, la vie de A.K. n’est plus en danger. Mais ce qui écœure le plus chez ce père de famille, c’est qu’aucun représentant de l’état ou de la ville soit venu les voir à l’hôpital. Une fois l’affaire médiatisée « ça ne sert plus à rien », lance-il, visiblement très énervé.

Il regrette d’ailleurs, les deux poids deux mesures. « Si on appartenait à une autre communauté, on ne serait pas abandonné », lâche-il. Depuis, la petite est sortie de l’hôpital. Elle va bien physiquement mais psychologiquement elle n’est pas bien. Elle refuse d’aller pour l’instant dans son quartier. Halis, précise qu’ils vont continuer à se battre pour l’avenir de leurs enfants et qu’ils essayent de lutter eux même contre les trafiquants.

Par ailleurs, le célèbre chanteur de rap d’origine turque, MRC, a envoyé une vidéo de soutien à la victime. « Ça lui a beaucoup remonté le moral », précise l’oncle.

À l’heure, aucune arrestation n’a eu lieu et aucun suspect n’a été identifié, même si « tout le monde connaît l’identité des assassins », conclue Halis Kalayci.

Fatih KARAKAYA