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Gilets jaunes: « si Macron ne nous entend pas, tous à la Bastille pour l’acte 4, le 8 décembre  »

Depuis 3 semaines, les français tentent de faire entendre leur désarroi au président de la république. Le précurseur du mouvement des gilets jaunes fut l’augmentation de la taxe sur les carburants, présentée comme le premier pas vers la transition écologique, mais les revendications se multiplièrent pour trouver un dénominateur commun: le pouvoir d’achat et la précarité de vie d’un grand nombre de nos concitoyens.

Dans un premier temps, le mot d’ordre du mouvement était de bloquer les routes et les autoroutes sur l’ensemble de la France( Acte 1). Attendant une réaction du gouvernement qui se cloîtra dans un mutisme dédaigneux, la toile devînt  le lieu de ralliement des gilets jaunes pour se concerter sur la suite à donner au mouvement, alors l’acte 2 est lancé : se rallier sur les Champs-Élysées pour marcher vers le palais de l’Elysée le 17 novembre. 8 milles personnes répondront présent à Paris ( Selon les sources gouvernementales)

Le bilan de ce 17 novembre sera désastreux, les forces de l’ordre matraquent à tout va et font monter les tensions du côté des gilets jaunes. Des vidéos circulent montrant 4 CRS tabasser un sexagénaire, des photos foisonnent sur le net de manifestants ensanglantés, gazés, repoussés par des canons à eau. Des échauffourées s’engagent entre forces de l’ordre et manifestants qui se soldent par des dizaines de blessés, 35 interpellations et 22 personnes  mises en garde à vue.

Par un tweet malencontreux, ignorant l’essence même du mouvement des gilets jaunes, Emmanuel Macron commentera la journée ;

 «  Merci à nos forces de l’ordre pour leur courage et leur professionnalisme. Honte à ceux qui les ont agressées. Honte à ceux qui ont violonté d’autres citoyens et des journalistes. Honte à ceux qui ont tenté d’intimider des élus. Pas de place pour ces violences dans la République. »

Les gilets jaunes, déçu de cette réponse qu’ils considèrent comme du mépris, rappellent à un rassemblement sur les Champs-Élysées le 24 novembre pour l’acte 3 de ce mouvement.

Le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, se prépare en conséquence et déploie 4500 agents de l’ordre sur Paris, face à 5000 manifestants ( sources officielles) alors commence une confrontation sans précédent sous un brouillard de gaz lacrymogène dès 9 heure du matin. En début d’après-midi, s’adjoignent au mouvement des groupes de casseurs qui brûleront des voitures, des arbres, qui profaneront l’Arc de Triomphe. Très vite, les forces de l’ordre seront dépassées par les événements et une atmosphère de chaos et de désolations s’installera suite à cette guérilla urbaine. Le bilan de la journée est lourd : 412 interpellations, 133 blessés.

Macron dépassé par les événements

Le président de la république ainsi que la première dame de France se trouvaient en Argentine pour le sommet du G20, lors de événements. Il fera une allocution ne se focalisant que sur les dégradations et les répressions qui seront mises en place dans le but de les punir sévèrement, et ajoutera furtivement qu’il respecte les contestations et qu’il entend les oppositions.

Dès son arrivée en France, ce dimanche matin, Macron se rend sur les lieux de la manifestation (applaudi  par certains, hué par d’autres) où il encourage les forces de l’ordre et affirme son soutien aux commerçants vandalisés mais ne prononce aucune parole à l’attention des gilets jaunes. Il tente de démontrer qu’il reprend en main la situation devant les caméras, mais le malaise est latent et sa présence sur les lieux dévastés ne rassure pas les français.

Ce mutisme dédaigneux attise la colère des gilets jaunes désirant  la destitution de ce président peu enclin à les entendre, à venir à leur rencontre.

Est-ce de l’inconscience de la part du président qui durcît son discours et ignore la souffrance et la colère de ses citoyens dont la colère va crescendo ? Ne devrait-il pas désamorcer la tension en acceptant le dialogue avec ce mouvement?

Il est évident que le fait de revenir sur la taxe des carburants ne sera plus suffisant pour apaiser ce mouvement qui s’insurge contre le gouvernement actuel dont ils demandent la destitution. L’institut de sondage BVA annonce que 72 % des français soutiennent le mouvement des gilets jaunes, ce que Macron devrait prendre en considération s’il veut assurer la stabilité du pays.

Emmanuel Macron cherche une échappatoire à cette crise des gilets jaunes

Il a demandé à son premier ministre de recevoir , dès lundi, les représentants du mouvement et les chefs des partis représentés à l’assemblée nationale, dont Marine Le Pen et Jean-Luc Melanchon.

Actuellement, aucun représentant n’est connu pour le mouvement des gilets jaunes, donc à qui va s’adresser le premier ministre?

Ce mouvement se veut apolitique, donc quelle est la pertinence de convoquer les chefs de partis?

une situation inconnue et inédite pour un président inexpérimenté.

Le mouvement des gilets jaunes se veut apolitique donc rejette tout parti politique de tout bord confondu car depuis des décennies, ces derniers n’ont pu améliorer leur quotidien. Jean-Luc Melanchon et Marine Le Pen font de la récupération politique en soutenant le mouvement qui ne s’identifie aucunement à leur idéologie politique.

Acte 4 , « tous à la Bastille » le 8 décembre

L’appel Facebook à se rassembler à la Bastille, symbole du despotisme et de l’arbitraire royal, dont la prise le 14 juillet 1789 met fin à la monarchie absolue par une révolution populaire, intéresse a ce jour 93815 internautes dont 12208 affirment y participer.

La maire de Paris, Anne Hidalgo, a confié au Parisien ce dimanche;

«   Il n’est pas possible d’avoir pendant des semaines et des semaines ces scènes d’émeutes et de dégradations… C’est très préoccupant. »

De son côté, Gerard Larcher, président  du Sénat met en garde le gouvernement;

 «   Le gouvernement n’a pas le droit à un 3 ème samedi noir. »

Lors du Grand Jury RTL, il conseille à Macron la « réponse politique » consistant en l’apaisement, le dialogue et la responsabilité.

Selon le deuxième personnage de l’Etat, la République a été malmenée, l’état  de droit bafoué, le gouvernement est « figé dans son attitude, entêté » et les gilets jaunes se sont laissés déborder par les ultra-violents. Il estime que si Castaner n’est pas capable d’endiguer les manifestations, il doit interdire celle du 8 décembre.

La décision de Macron sera cruciale dans la suite des événements. La paix et la stabilité du pays découleront de son bon sens, à défaut la France pourra vivre l’une des insurrections les plus spectaculaires de son Histoire.

ATD