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Affaire de viol dans la Manche: Presse française et politiques fakenews en série

De nombreux médias, comme Le Figaro, Valeurs Actuelles ou Sputnik, avaient assuré qu’un homme a été acquitté d’un viol dans la Manche car « il n’avait pas les codes culturels ». De nombreuses personnalités politiques, comme Nicolas Dupont-Aignan, Valérie Boyer ou Nicolas Bay avaient crié au scandale.

Étrangement l’arrêt de la cour d’assises ainsi que les témoignages des protagonistes viennent contredire totalement cette interprétation.

Le Figaro avait lancé :

«Dans la Manche, un réfugié acquitté d’un viol car il n’avait pas les codes culturels. » 

Valeurs Actuelles avait ajouté :

«Pas les codes culturels pour comprendre qu’il violait, ou la schizophrénie du système antiraciste. » 

Sputnik France déclarait ;

«Pas les codes culturels: un réfugié acquitté d’un viol sur mineure en France.»

Le site d’extrême droite Fdesouche.com avait dénoncé ;

«Normandie : un migrant accusé de viol sur une lycéenne est acquitté car il n’avait pas les codes culturels pour comprendre ce qu’il faisait.»

Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), Valérie Boyer (les Républicains) ou encore Nicolas Bay (Rassemblement national) ou encore la polémiste Zohra Bitan, expliquent que la Cour d’assises de la Manche a motivé son acquittement au nom de cette absence de possession des “codes culturels” par l’accusé.

La cour d’assises de la Manche a condamné le 21 novembre un homme apatride de 21 ans (18 ans et 8 mois à la date des faits) à deux ans de prison avec sursis pour une agression sexuelle sur une lycéenne de 15 ans. Il a dans le même temps été acquitté du viol d’une autre jeune fille de 15 ans. Des faits qui datent de 2015 et ont eu lieu à Saint-Lô dans la chambre du foyer où vivait l’accusé.

L’arrêt de la cour d’assises

Non, un homme n’a pas été acquitté de viol parce qu’il n' »avait pas les codes culturels »

A aucun moment, dans les huit pages de cet arrêt, la question de « codes culturels » n’est évoquée ou utilisée pour justifier de l’acquittement.

Jean-François Villette, président de la Cour d’assises de la Manche déclare :

«La réalité c’est que, bien évidemment, la décision n’est pas du tout fondée sur la « connaissance des codes ». La décision est fondée sur le fait que le comportement de la victime, qu’on ne dit pas du tout fautif, (…) a été tel qu’on ne voit pas très bien comment l’accusé avait pu comprendre qu’elle n’était pas d’accord pour avoir cette relation avec lui. C’est un peu étrange que cette affaire s’embrase.»

Même l’avocat de la jeune fille Me Jagou déclare que c’est des fakenews : cité par Ouest-France, il s’est dit “extrêmement surpris que cela s’enflamme ainsi.” Selon lui, “il s’agit d’une fausse information ou d’une mauvaise interprétation. La défense n’a pas du tout utilisé l’origine de l’accusé comme levier.”

 

Fatih Tufekci

 

 

Source: AFP