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France: cinéma et terrorisme

Le festival de cinéma de Douarnenez a une place singulière en présentant chaque année une filmographie « kurde » étonnamant militante.

Notons en particulier, la 26ème édition (2003) du festival intitulé « Kurdistan » et la 39ème édition (2016) sous le nom de « Peuples de Turquie », avec la participation aux débats de Faysal Sariyildiz, député de Şırnak/Cizre, aujourd’hui destitué. Faysal Sarıyıldız a été arrêté en Turquie le 17 juin 2009 pour appartenance à un groupe terroriste. Il a été mis en liberté le 4 janvier 2014. En 2015, il fuit la Turquie pour rejoindre la France et demander l’asile politique. Un mandat de recherche est lancé à son encontre mais les autorités françaises refusent de livrer à al justice turque.

La 40ème édition, qui se se déroulera du 18 au 26 août 2017 prochain dont le thème sera, « Frontières » avec la participation des amitiés kurdes de Bretagne (AKB) qui comme chaque année. Ils présenteront au public festivalier une librairie militante et les kilims (tapis traditionnels) d’Hakkari.

Plusieurs rendez-vous sont proposés durant le festival avec « les professionnels de l’audiovisuel en Bretagne », les sourds, les LGBTQI et les associations présentes au Forum. C’est dans ce cadre que les AKB invitent leurs adhérents et leurs sympathisants à leur cause et tous les festivaliers à deux journées de formation, le 19/20 août 2017 à la Maison des jeunes et de la culture, 11 boulevard Camille Réaud.

Samedi, Gérard Gautier qui est chargé de cours au département kurde de l’INALCO depuis 2007 donnera une conférence sur la « cause kurde ».

Dimanche il y aura une table ronde et la projection d’ »Open The border ». La table ronde sera animée par René Péron, Attila Balikci, Saif, Michel Agier et Tony Rublon.

Attila Balikci

Attila Balikci est présenté comme « spécialiste sur le droit pénal antiterroriste en Turquie ». Ce nom ne vous dit surement pas grand-chose mais medyaturk.info peut vous faire une petite piqure de rappel.

Ce monsieur n’est pas un inconnu des tribunaux français puisque le 10 février 2007 il a été mise en examen et écroué à Paris pour terrorisme. Lui et 17 autres membres étaient soupçonnées d’extorsion de fonds et de blanchiment, afin de financer des attentats en Turquie. Attila Balikci était alors présenté comme le «secrétaire» de Riza Altun, représentant de l’organisation terroriste Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en Europe. Il avait alors expliqué au juge d’instruction qui l’avait mis en examen, Thierry Fragnoli, qu’il avait été pendant quatre ans l’intermédiaire entre la DST et Riza Altun, également écroué.

Patrick Devedjian et Nicolas Sarkozy

Il avait affirmé avoir rencontré en 2003 Patrick Devedjian, alors ministre délégué aux libertés locales auprès de Nicolas Sarkozy, «au nom de la communauté kurde en France». Il maintenait que c’était dans les locaux de la sous-direction antiterroriste (SDAT), rue des Saussaies dans le VIIIe arrondissement de Paris.

Patrick Devedjian un peu coincé avoua «Je n’en garde pas le souvenir mais ce n’est pas impossible». Forcément que ce n’était pas impossible car lors de leur congrès annuel dans l’Aveyron, les membres de la branche française du PKK informaient la DST, du montant de leurs collectes, qui était de près de 1 million d’euros en 2006.

Il est à rappeler le Centre kurde perquisitionné était voisin du QG de campagne de Nicolas Sarkozy. Le candidat ordonna un coup de filet pour que les allées et venues des membres du PKK ne se voient pas.

Riza Altun

Ce fut une affaire très médiatique dans laquelle des grands noms d’hommes politiques étaient cités. Le verdict a été rendu le 2 novembre 2011 dans un procès qui jugeait 18 politiciens kurdes et le centre culturel kurde Ahmet Kaya. Toutes les peines d’emprisonnement concernant les politiciens ont été ajournées, les ordres d’arrestation des 4 personnes dont Riza Altun a été annulé, cependant la décision de fermer l’association Kurde a été prise.

La commission du tribunal avait alors déclaré que le procès des terroristes était « non juridique ». Quoique le procureur de la République ait demandé des peines de prison fermes, toutes les sanctions avaient été ajournées. Parmi les jugés, Sukru Tozludere a été acquitté, les autres réfugiés et politiciens avaient vu leurs peines d’1 à 5 ans de prison ajournée. Riza Altun qui faisait partie du Parti des Travailleurs du Kurdistan PKK avait vu sa peine de 5 ans de prison être ajourné mais il avait l’interdiction de pénétrer sur le territoire français pendant 10 ans. Altun y compris, l’ordre d’arrestation des 4 personnes qui ne se trouvaient pas à Paris avaient été retirés.

Les autres membres du groupe terroriste eurent des condamnations de complaisance comme; Nedim Seven 4 ans avec sursis, Atilla Balikci 1 an avec sursis, l’homme d’affaires Haci Karakoyun 3 ans avec sursis, Kazim Ergun 4 ans avec sursis, Kadri Ozmen 3 ans avec sursis, Nihat Aslan 3 ans avec sursis, Canan Kurtyilmaz 4 ans avec sursis, Esref Yolcu 2 ans avec sursis, Cemal Aslan 18 mois avec sursis, Muzaffer Balikci 18 mois avec sursis, Zulkuf Kilinc 30 mois avec sursis, Renas Lelikan 3 ans avec sursis, Ayhan Tayfur 30 mois avec sursis, Mehmet Ulas 20 mois avec sursis, Muhittin Aslan 30 mois avec sursis et Cemal Bozkaya 18 mois avec sursis.

La commission du tribunal avait décidé de la fermeture du centre culturel kurde Ahmet Kaya situé à Paris. Le motif qui avait conduit le tribunal à prendre cette décision était que les locaux étaient un centre qui aidait aux activités du PKK et que l’association était utilisée dans ce but. L’une des autres raisons était que l’association organisait des manifestations qui encourageaient le PKK.

La raison qui était montrée pour que les peines soient ajournées était que les personnes en gardes à vue n’avaient pas de casier judiciaire (logique: un terroriste au casier vierge est innocent), ils étaient intégrés à la société française et la violence était réciproque. En d’autres termes, il était dit que le gouvernement turc employait la violence envers les membres du groupe terroriste PKK.

La commission du tribunal : « Il faut que les faits soient étudiés dans des conditions privées, tout ceci n’est pas juridique » ; « il faut voir dans ce cadre car il y a une guerre entre le PKK et le gouvernement. La violence est à double sens ». Au début du procès, la commission avait accepté que ce procès était politique.

La commission avait attiré l’attention sur le fait que le PKK n’était pas jugé sur le fait qu’il soit considéré comme une organisation terroriste mais seulement par rapport aux manifestations violentes auxquelles elle avait participé.

Le parquet avait demandé des peines allant de 18 mois à 6 ans ferme pour les membres du PKK.

malgré ces condamnations, ces terroristes continuent de faire de la propagande pour une organisation terroriste. Cela s’appelle apologie du terrorisme comme le prouve le procès de cette femme à Montpellier.  Mais c’est étonnant de voir le laxisme de la justice française concernant certains groupes de terroristes.

FTU