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Le Gouvernement d’Edouard Philippe présente la réforme sur l’Enseignement

LE PROJET DE LOI SUR LES NOUVELLES MODALITES D’ENTREE A LA FAC

Du côté du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation.
Alors que le projet de loi sur les nouvelles modalités d’entrée à l’université est présenté aujourd’hui, voici les contours de celui-ci.

Le projet de loi va-t-il mettre fin à l’orientation par défaut que subissaient certains étudiants ?
Aujourd’hui, un tiers de l’échec en première année à l’université est imputable à une mauvaise orientation des lycéens. Pour améliorer le processus d’information et d’orientation au lycée, deux professeurs principaux accompagneront chaque lycéen de terminale dans ce parcours. Ces enseignants ne sont pas conseillers d’orientation, mais leur bonne connaissance des élèves peut leur permettre, par exemple, de détecter leur potentiel, ou bien leurs points forts, qui ne se traduisent pas forcément dans les résultats scolaires.

Quels documents les commissions pédagogiques des universités analyseront-elles pour se prononcer sur les candidatures reçues ?

Elles auront toujours accès aux bulletins de notes des deux derniers trimestres. La nouveauté est qu’elles pourront aussi consulter les recommandations formulées par le conseil de classe et les documents que l’élève souhaite fournir (lettre de motivation, participation à un concours d’expression orale, engagement dans une association…)

Des attendus seront définis pour toutes les licences non sélectives. De quel ordre seront-ils ?

Les attendus seront d’abord définis dans un cadre national, mais ils pourront être déclinés dans chaque université en fonction des spécificités de leur offre de formation. Certains points sont en train de se dessiner. Par exemple, un STAPS où les attendus pourraient être de plusieurs ordres : pratiquer un ou plusieurs sports, avoir un certain niveau dans les disciplines scientifiques, être impliqué dans le monde associatif…

Lorsqu’un étudiant ne répondra pas à ces attendus, il lui sera proposé une remise à niveau…
Par exemple, le lycéen qui a des difficultés en maths pourra en faire davantage. Beaucoup d’universités ont déjà expérimenté ce type de « licence à la carte »., il s’agit de les développer.

Que se passera-t-il pour les élèves postulant dans une filière où il n’y a plus de place ?
Dans ce cas-là, une commission d’accès au supérieur lui fera des propositions correspondant à son projet. Nous allons remettre de l’humain dans le processus d’orientation.

Source : propos recueillis par D. Bancaud- « 20 minutes ».

En effet, le gouvernement propose une vaste refonte de l’université pour la rentrée 2018. Des idées qui doivent transformer un système décrié.

Du changement en vue dans les amphis
Le projet de loi « orientation et réussite des étudiants », censé redynamiser l’enseignement supérieur et son accès, est présenté, aujourd’hui, au conseil des ministres, avant un passage à l’Assemblée dès le 12 décembre. Il a notamment la lourde tâche de réformer la plate-forme admission post-bac (APB), très critiqué ces derniers mois car elle a laissé de nombreux bacheliers sans affectation. Ce « plan étudiants », pointé du doigt par certains syndicats, qui dénoncent une sélection non assumée, contient plusieurs axes.

Une plate-forme d’admission grandement simplifiée
Le nouvel outil d’accès a l’enseignement supérieur, qui doit remplacer APB le 15 janvier 2018, se nomme « Parcoursup ». Les bacheliers pourraient alors formuler 10 vœux de formation, contre 24 actuellement, et ne les classeraient plus par ordre de préférence. Chaque demande serait ensuite traitée de manière personnalisée par les équipes pédagogiques des différentes universités. Si un élève reçoit deux réponses positives, il devrait choisir entre l’une des deux « pour ne pas engorger le système », selon la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal.

Le parcours mieux adaptés aux profils des candidats
Si un bachelier n’est pas directement accepté dans la filière de son choix, il pourrait recevoir de l’université la réponse « oui si ». Celle-ci l’obligerait à suivre « un parcours personnalisé » lors de son entrée dans l’enseignement supérieur. Pour les filières en tension, un examen du dossier du candidat remplacerait le tirage au sort. Le gouvernement a également annoncé la création de 130 000 places supplémentaires.

Une orientation approfondie dès la période du lycée
Afin de réduire l’échec en première année à l’université, la réforme prévoit de mieux préparer les lycéens, en amont, avec notamment la mise en place de deux professeurs principaux pour aider les élèves de terminale à formaliser leur projet d’études. Deux semaines seraient également dédiées à l’orientation des futurs bacheliers. Enfin, des étudiants « ambassadeurs », viendraient expliquer dans les lycées comment fonctionne l’université.

Les cursus universitaires davantage personnalisés
Avec la réforme, un étudiant pourrait réaliser sa licence à son rythme, en deux, trois ou quatre années. Dans chaque université, des directeurs d’études définiraient ainsi avec les étudiants un parcours « sur mesure », inscrit dans un « contrat de réussite pédagogique ». Pendant la licence, les étudiants pourraient également obtenir un semestre ou une année de césure, y compris juste avant d’entrer dans l’enseignement supérieur. L’idée serait de leur permettre de partir à l’étranger ou de s’investir dans un projet associatif.

Les conditions de vie des étudiants améliorées
Le gouvernement veut mettre fin au régime de Sécurité Sociale étudiante dès la rentrée 2018. Les élèves seraient ainsi désormais affiliées au régime général. L’opération permettrait de « dégager plus de pouvoir d’achat pour les étudiants » et « de garantir leur accès aux soins », a expliqué le Premier ministre, Édouard Philippe. La cotisation de 217 euros qu’ils versaient serait alors remplacée par une contribution intitulée « vie étudiante ».

L’admission au baccalauréat dans une série plus ou moins prestigieuse est en partie liée à l’origine sociale :
les fils de cadres supérieurs ont 2,9 fois plus de chances que les ouvriers d’avoir leur bac et 8 fois plus d’obtenir un bac S...

Source : l’observatoire des inégalités, octobre 2009

L’évolution
L’accès au baccalauréat se démocratise. De plus en plus de jeunes issus des couches moins favorisées obtiennent ce diplôme : c’est le cas de près de la moitié des jeunes issus de famille ouvrière nés au tout début des années 1980, contre 10 % de ceux nés dans les années 1950. En moyenne, près des deux tiers des générations nées entre 1979 et 1982 ont obtenu le bac, contre un peu plus de 20 % de celles nées vingt années plus tôt.
Mais ces chiffres doivent être nuancés pour plusieurs raisons. Toutes les catégories ont profité du mouvement : la part d’enfants de cadres bacheliers dépasse les 90 %, ce qui fait que l’inégalité des chances d’accès reste très forte. Sous le vocable « bac » se cachent trois formes différentes : les bac généraux, technologiques et professionnels, qui n’ont pas la même valeur sur le marché des diplômes.

L’élévation de la part de bacheliers dans les catégories les moins favorisées résulte pour une bonne part de l’essor du bac professionnel à partir de la fin des années 1980. En 2006, 64 % des jeunes ont obtenu leur bac, mais 34,8 % seulement un bac général. Enfin, c’est à peine perceptible sur la courbe, mais le taux de bacheliers stagne depuis le milieu des années 1995, c’est-à-dire pour les générations nées à partir de la fin des années 1970.

Obtention du bac selon la catégorie sociale et la génération.

Source : ministère de l’éducation, l’état de l’école 2007

Les inégalités d’accès aux différentes filières
L’admission au baccalauréat dans une série plus ou moins prestigieuse est liée en partie à l’origine sociale, comme le montre la comparaison des pourcentages d’admis au baccalauréat en 2002 à celui des élèves entrés en 6ème en 1996 [1].

Si le système scolaire était équitable, le pourcentage d’admis dans les différents baccalauréats devrait être le même que celui qui est observé en classe de 6ème. Or, les enfants de cadres supérieurs représentent 13,8 % des élèves de 6ème mais constituent 24 % des admis au baccalauréat toutes séries confondues (soit une surreprésentation de 1,7 : résultat du rapport entre les 24 % d’admis au baccalauréat et les 13,8 % des classes de 6ème), et 40,2 % des admis au baccalauréat S (soit une surreprésentation de 2,9).

Les enfants d’ouvriers, qui représentent 31 % des élèves de 6ème, ne représentent plus que 18,2 % des admis au baccalauréat (soit une sous-représentation cette fois de 1,7) et 11,4 % des admis au baccalauréat S (soit une sous-représentation de 2,7). Au bout du compte, les fils de cadres ont 2,9 fois plus de chances que les ouvriers d’avoir leur bac et 8 fois plus d’obtenir un bac S !

 

Répartition par catégorie sociale des élèves de 6ème en 1996 et des bacheliers en 2002
Unité : %
  % en 6ème
en 1996
Tous bacs
2002
Bac professionnel
2002
Bac technologique
2002
Bac général
2002
Série L
2002
Série ES
2002
Série S
2002
Agriculteurs 2,3 3,3 5 3,5 2,7 1,9 2,7 3
Artisans, commerçants 7,4 9,1 9,3 9,3 8,9 9,2 9,9 8,1
Cadres, professions intellectuelles supérieures 13,8 24 8,2 14,3 34,8 29 30 40,2
Professions intermédiaires 15,6 17,5 12,4 17,9 19,2 19,4 19 19,2
Employés 16,4 16,3 17,7 19 14,5 15,2 14,8 11,8
Ouvriers 31 18,2 26,2 23,7 12,4 15,3 15,6 11,4
Retraités 1,1 2,6 4,2 2,8 1,9 2,26 2,1 1,7
Sans activité professionnelle 10,8 5,3 6,8 6,6 3,8 5,25 4,1 3
Indéterminé 1,7 3,7 10,2 2,9 1,8 2,5 1,8 1,6
Total 100 100 100 100 100 100 100 100
Effectif de référence 850 000 493 754 93 579 141 983 258 192 50 320 78 967 128 905
Source : Education nationale. Année des données : 2002

La série « S » comme « scientifique » est la série la plus prestigieuse du lycée, celle qui est réputée la plus difficile et qui ouvre la porte des filières les plus sélectives.
Dans un pays dit littéraire, ce sont les mathématiques qui font la sélection. Au cours des 10 dernières années, la composition sociale de cette filière a très peu évolué. La part des élèves d’origine ouvrière a stagné, mais la part des ouvriers dans la population active a décliné.

Celle des employés s’est accrue, mais ceux-ci ont progressé parmi les actifs. On remarquera que les élèves dont les parents sont ouvriers ou employés constituent un quart des élèves de série S alors que 54 % des actifs appartiennent à ces deux catégories sociales.

La proportion d’élèves issus des professions intermédiaires – le coeur des classes moyennes – a décliné alors que cette catégorie progresse parmi les actifs.

 

Les bacheliers de la série série scientifique selon l’origine sociale
Unité : %
  1997 2007 2008   rappel :répartition des actifs en 2007, en %
Ouvrier 12,3 12,1 12,1 23,8
Employé 12,9 14,3 14,5 30,2
Agriculteur exploitant 3,7 3 2,8 1,9
Artisan, Commerçant, Chef d’entreprise 9,9 9,3 9,7 6
Cadre, profession intellectuelle supérieure 41 42,1 42,1 15
Profession intermédiaire 20,2 19,2 18,8 23
Pour pouvoir établir la comparaison avec les données sur les catégories sociales de l’Insee, nous n’avons considéré que les élèves des catégories sociales d’actifs. Nous avons retiré les retraités, ceux qui n’ont pas d’activité professionnelle et ceux pour qui l’activité n’est pas renseignée.
Source : Ministère de l’Education nationale et Insee

Pour pouvoir établir la comparaison avec les données sur les catégories sociales de l’Insee, nous n’avons considéré que les élèves des catégories sociales d’actifs. Nous avons retiré les retraités, ceux qui n’ont pas d’activité professionnelle et ceux pour qui l’activité n’est pas renseignée.
Source : Ministère de l’Education nationale et Insee

Pour des données plus détaillées sur l’évolution des catégories sociales, voir les tableaux sur le site Déchiffrer la société.
[1] Les élèves de 6ème peuvent être considérés comme une bonne approximation de la population de référence dans la mesure où pratiquement tous les élèves sont admis au collège.

Le primaire déterminant pour réussir le bac
Un étude de la DEPP montre que la proportion de bacheliers a augmenté (de 61 à 63%) pour des élèves entrés en 6ème en 1989 et 1995. A contrario les probabilités pour un jeune ayant redoublé à l’école primaire ou issu d’un milieu très défavorisé d’avoir le bac ont diminué.

La Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance du ministère (la DEPP) vient de publier une étude comparative sur les parcours scolaires de deux panels d’élèves entrés en 6ème respectivement en 1989 et en 1995. Sur ces 2 cohortes la proportion de bacheliers a augmenté, passant de 61 à 63% mais l’analyse fine de cette augmentation livre des résultats inquiétants.

Quelles sont les évolutions chez les bacheliers ? Stabilité de bacheliers professionnels, hausse des bacheliers technologiques (de 26 à 29%), baisse des bacheliers généraux (de 57 à 54%). Si la série ES a progressé, ce n’est pas le cas des séries scientifiques et surtout de la série littéraire, qui passe de 25 à 19%. Pour avoir son bac général ou technologique en ayant redoublé une fois, il faut avoir redoublé au lycée (71% de ces bacheliers en retard d’un an). Ces derniers ne sont que 5% à avoir redoublé une classe du primaire. S’ils ont redoublé 2 fois dans leur scolarité, ce n’est pas mieux, ils ne sont que 4% à avoir redoublé une classe de primaire. Le pourcentage de reçus au bac professionnel pour les élèves ayant redoublé à l’école primaire est un peu meilleur puisqu’il se situe autour de 15%. Le niveau à l’entrée en 6ème et le fait « d’être à l’heure » sont fortement corrélés avec la réussite au bac : l’étude montre que parmi les 25% d’élèves les plus faibles à l’entrée en 6ème, seuls 13% d’entre eux termineront leurs études secondaires et à peine 1% décrochera un bac scientifique.

Comment combattre cette « détermination scolaire » avant l’entrée en 6ème, puis au collège et au lycée ? Les solutions passent obligatoirement par la prise en compte des disparités sociales de réussite qui s’aggravent, d’après l’étude. Car si, pour la plupart des groupes sociaux, l’accès au baccalauréat progresse, certes à un rythme différent, ce n’est pas le cas pour les plus défavorisés. Les jeunes dont les parents sont employés de service, ouvriers non qualifiés ou inactifs ont obtenu des résultats nettement inférieurs sur la panel 95 par rapport au panel 89 : une baisse de 2 à 5 points se répercutant massivement sur la possibilité d’obtention d’un bac scientifique. A l’inverse les enfants d’enseignants (à plus de 90%) ou de cadre voient encore croître leurs chances d’avoir le bac. Un de ces élèves avait 14 fois plus de chances d’avoir le bac qu’un camarade dont le père es ouvrier non qualifié. Les études PISA avaient déjà montré l’incapacité du système scolaire français à combattre les inégalités sociales en terme de réussite scolaire. La note d’information de la DEPP démontre une aggravation du phénomène.

La DEPP analyse ensuite un certain nombre de données socio-démographiques livrant des résultats pour une part déjà connus mais pour une autre part assez nouveaux.
Les filles « travaillent mieux » que les garçons, elles sont près de 70% à avoir le bac, pour seulement 56,5% des garçons. Par contre leur orientation continue à poser problème puisque seulement 15,7% d’entre elles obtiennent un bac scientifique contre 17,5% des garçons.

Les jeunes dont la mère n’a aucun diplôme sont ceux qui ont le moins de chance d’obtenir le bac, tout comme ceux qui vivent dans une famille monoparentale ou recomposée.
L’étude observe de près la situation des enfants de famille immigrée et montre que les réussites sont bien évidemment corrélées au niveau social. Mais, « toutes choses égales par ailleurs », l’étude montre aussi que ces jeunes auraient des chances de devenir bacheliers égales ou supérieures à celles des autres jeunes, et l’explique par un niveau d’ambition scolaire plus élevé et une forte volonté de mobilité sociale. Ceci est particulièrement vrai pour les jeunes issus de l’Asie du sud-est (67% d’entre eux obtiennent le bac), mais aussi pour ceux qui sont issus de l’Afrique sub-saharienne (55%) ou du Maghreb ( 51%). A l’inverse ce n’est pas vrai pour les jeunes Turcs dont le taux de réussite au bac reste très faible (33%).

Enfin la comparaison entre parcours dans le public et parcours dans le privé, ne montre, à caractéristiques comparables, aucune différence de réussite entre les élèves du secteur public et du secteur privé. Certes les taux de réussite sont meilleurs dans le privé (78% contre 68%) mais correspondent à des situations sociales plus favorables. Les élèves qui passent du privé au public (les bons élèves) réussissent beaucoup mieux que ceux qui passent du public au privé et qui sont en général ceux pour lesquels l’éducation nationale peine à trouver des solutions.

HK