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France: Le déchainement anti-musulman, un pari « réussi » pour le FN?

thumbs_b_c_09cf562c2b733018beca49f40868d889\r\n\r\nLe parti de Marine Le Pen a exploité le contexte social après les attentats de Paris en durcissant le ton contre l’islam et « confortant » ainsi les indécis et les sympathisants de l’extrême-droite dans leur décision de voter FN, estiment les experts.\r\n

Le Front national (FN), qui est arrivé en tête aux élections régionales en France, avec un score record de 27,73% des suffrages, a exploité le contexte social après les attentats de Paris par son déchainement anti-musulman, estiment les experts, soulignant toutefois que son succès est plus que « circonstanciel ».

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Le parti de Marine Le Pen, connu pour sa position anti-immigrés depuis sa fondation par Jean-Marie Le Pen, avait durci le ton contre « l’islamisme radical » mais aussi les immigrés d’origine musulmane, après les attentats de Paris du 13 novembre, les attaques les plus meurtrières qu’a connues la France depuis la Deuxième Guerre mondiale.

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Face aux appels contre les amalgames entre l’islam et le terrorisme, le parti d’extrême-droite s’était abstenu de cibler explicitement les musulmans, au lendemain des attentats. Pourtant, les principales figures du FN, à l’instar de Marine Le Pen et sa nièce Marion Maréchal-Le Pen, avaient lancé une série de commentaires marquant, selon elles, la « guerre » entre les musulmans et la France, seulement quelques jours avant les élections régionales du 6 décembre.

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« Nous n’avons pas d’autre choix que de gagner cette guerre. Si nous échouons, le totalitarisme islamiste prendra le pouvoir dans notre pays. (…) La charia remplacera notre constitution, l’islam radical se substituera à nos lois, nos bâtiments détruits, la musique prohibée, l’épuration religieuse avec son cortège d’horreurs », avait lancé Marine Le Pen, le 2 décembre, à quatre jours du premier tour élections régionales.

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« Nous ne sommes pas une terre d’islam, et si des Français peuvent être de confession musulmane, c’est à la condition seulement de se plier aux moeurs et au mode de vie que l’influence grecque, romaine, et seize siècles de chrétienté ont façonné », avait martelé de son côté Maréchal-Le Pen cinq jours avant les élections.

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Les attentats ont permis de mettre en avant les « thèmes-phares » du FN, soulignent les experts dans leurs commentaires à Anadolu, notant que le parti a pu « consolider » sa base électorale, dorénavant comme un des acteurs majeurs de la scène politique française.

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– Le FN, le parti qui « pouvait exploiter le mieux » les attentas de Paris

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« Les attentats ont mis sur le devant de la scène des thèmes-phares du FN : la sécurité, la menace de l’Islam « radical », l’inutilité voire la dangerosité de l’Europe à travers la critique de Schengen », explique Stéphanie Pézard, politologue au think-tank Rand aux Etats-Unis.

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Les attentats auraient ainsi « conforté », selon Pézard, les personnes qui avaient déjà décidé de voter FN dans leur décision de voter FN.

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Pour Marta Lorimer, chercheuse à London School Economics sur les partis d’extrême-droite en Europe, les attentats ont incité les indécis ou ceux qui hésitaient à voter FN à se pencher éventuellement vers le parti d’extrême-droite.

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Quant au sentiment anti-musulman en France, le FN était « forcément le parti pouvait exploiter le mieux les attentats de Paris, estime Lorimer. Et d’ajouter:

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« Avec une longue histoire de relations difficiles avec le politiquement correct et le respect pour la diversité, le FN a moins de retenue que les autres partis politiques dans sa critique d’islam ».

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– Une victoire « plus que circonstancielle »

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Les experts tiennent toutefois à souligner que le succès du FN « s’inscrit dans une tendance longue » et est ainsi plus que « circonstancielle ».

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La base électorale du parti a été « étonnamment stable » ces dernières années, et augmente ses voix depuis 2012, rappelle Lorimer.

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Pour Pézard, au-delà du nombre de votes remportés par le FN au premier tour des élections, qu’ils soient ou non confirmés lors du second tour, son plus grand succès est de prouver une fois de plus qu’il s’inscrit dans une tendance longue, qui a démarré dans les années 1980.

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Le FN occupe par conséquent « une place de plus en plus importante »  dans le paysage électoral français, note ainsi la politologue.

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« Une fois de plus, après un premier tour d’élections, c’est le FN qui fait les gros titres des journaux, et oblige les autres partis à compter avec lui », poursuit Pézrd, évoquant le désistement du Parti socialiste (PS) dans les régions où il est arrivé en troisième et son appel à un « front électoral ».

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 « Les élections de dimanche dernier entérinent une fois de plus la fin du bipartisme en France et l’impossibilité de considérer le FN comme une force marginale ou négligeable », renchérit-elle.

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– Le FN retrouve ses origines xénophobes

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Les récents discours de Marine Le Pen et de Marion vont « curieusement » à l’encontre de la tentative de « dédiabolisation » du FN, met en avant Lorimer.

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« Elles semblent être toutefois cohérentes avec l’histoire du FN et remettent en cause l’étendue du changement qu’aurait connu le parti ces quatre dernières années. Il n’y a peut-être plus de calembours antisémites, pourtant il semble que l’essentiel du FN persiste », ajoute-t-elle.