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La vie de la petite Marwa entre les mains de la justice

L’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille est favorable à l’arrêt des soins d’un bébé handicapé, les parents eux s’opposent à la recommandation des médecins au nom du «droit de vivre». Le Conseil d’Etat devrait trancher la semaine prochaine.
L’avenir de la petite Marwa, un bébé hospitalisé et lourdement handicapé, est désormais entre les mains d’un juge du Conseil d’Etat, la plus haute juridiction administrative française.

Pendant plus de deux heures et demie, ce jeudi 2 mars 2017, une magistrate a écouté à huis clos les arguments de l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille, favorable à l’arrêt des soins pour éviter un acharnement thérapeutique, et ceux des parents de la fillette, qui s’opposent à la recommandation des médecins au nom du « droit de vivre ». La décision pourrait intervenir la semaine prochaine, sauf en cas de nouvelles expertises. Ou de renvoi de l’affaire devant une formation collégiale, compte tenu de la complexité de la situation.

« On sait qu’elle va avoir un handicap lourd. Nous, on accepte son handicap, elle a le droit de vivre parce que quand je regarde dans ses yeux, elle nous montre qu’elle est là, elle s’accroche », a déclaré Mohamed Bouchenafa au cours d’une conférence de presse, quelques heures avant une marche prévue à Marseille.

« Elle me dit « Papa, ne me lâche pas », et moi je ne lâche pas ma fille, je vais aller jusqu’au bout ». « Je lui ai ramené sa soeur récemment, il y a 3 jours, quand elle a vu sa soeur elle a commencé à bouger, cligner des yeux et tout, elle est là, elle le montre », a poursuivi Mohamed Bouchenafa, qui publie régulièrement sur Facebook des vidéos de sa fille de 15 mois.

« Au lieu de passer du temps avec notre fille, on court les tribunaux »

Après l’affaire Vincent Lambert, le Conseil d’Etat est, pour la deuxième fois de son histoire, amené à se prononcer sur la légalité d’une décision médicale potentiellement irréversible. En juin 2014, la juridiction était allée dans le sens de l’avis des médecins du CHU de Reims, préconisant d’arrêter les traitements du jeune homme maintenu en vie depuis son accident de la route en 2008. Il avait alors 32 ans. Les parents de Vincent, opposés à son euthanasie passive, ont alors saisi la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Malgré la validation de la décision française par la CEDH en 2015, le terrible feuilleton judiciaire et humain se poursuit.

Pourrait-on en arriver là dans le cas de la petite Marwa Bouchenafa ? Certains médecins craignent déjà un scénario similaire. Conseil des époux Bouchenafa, Me Samia Maktouf demande pour sa part qu’on épargne à ses clients « la douleur de l’errance dans un labyrinthe judiciaire ».

Par Mustafa Y.