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Haftar : Nous allons attaquer la Turquie en Libye

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Le général Khalifa Haftar a menacé cette semaine d’utiliser la force contre les troupes turques en Libye si la Turquie refusait de renoncer à son soutien au gouvernement légitime dans ce pays d’Afrique du Nord ravagé par la guerre.

L’année dernière, le putschiste libyen a lancé une offensive pour prendre le contrôle de la capitale Tripoli auprès du gouvernement d’accord national (GNA, soutenu par l’ONU) dirigé par le Premier ministre Fayez Sarraj.

Les commentaires de Haftar répondaient à la décision du parlement turc de prolonger de 18 mois une loi autorisant le déploiement de troupes turques en Libye.
Le soutien militaire turc sous la forme de conseillers, d’équipements et de services de renseignement au GNA basé à Tripoli aide à arrêter l’offensive prolongée de Haftar sur la capitale.
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La décision des législateurs turcs est intervenue cette semaine, à la suite d’un cessez-le-feu déclaré par l’ONU en Libye en octobre. Cet accord prévoyait le départ des troupes étrangères et des mercenaires dans un délai de trois mois.

« Il n’y aura ni sécurité ni paix tant que les bottes de l’armée turque profaneront notre sol immaculé », a répondu Haftar lors d’une déclaration de son bastion oriental, Benghazi, à l’occasion du 69e anniversaire de l’indépendance de la Libye. Le chef de guerre a ajouté qu’il ne craindrait pas la violence pour libérer la Libye.
Depuis 2015, la Libye est divisée entre deux gouvernements, le GNA (gouvernement d’accord national) et un gouvernement dirigé par Haftar.
Pendant la campagne de Haftar pour conquérir Tripoli, le gouvernement oriental et illégal a bénéficié du soutien des Émirats arabes unis (EAU), de l’Égypte, de la France et de la Russie.
Selon un rapport d’experts de l’ONU, la Russie soutient Haftar sous la forme d’équipements militaires et de milices privées. Le GNA peut à son tour compter sur le soutien du Qatar en plus de l’aide turque.
Le message de Haftar à la Turquie était simplifié à l’extrême:

« L’ennemi colonisateur a l’un des deux choix: soit partir pacifiquement, soit être expulsé de force. »

Ce n’est pas la première fois que Haftar menace les forces turques en Libye. En effet, plus tôt cette année, le maréchal a déclaré que «toutes les positions et intérêts turcs dans toutes les villes sont des cibles légitimes pour notre force aérienne».


De lourdes conséquences

Ankara a alors vivement réagi aux menaces qui pèsent sur elle, mettant en garde contre des «conséquences graves» si les forces ou les intérêts turcs sont en danger. Ainsi, la Turquie considérera les milices libyennes fidèles à Haftar comme des cibles légitimes.

Paris demande à Haftar de se calmer

Bien qu’il le soutient, Paris a appelé le maréchal Haftar à « s’abstenir » de toute tentation militaire.

« Il n’y a pas de solution militaire en Libye. La priorité va à la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu du 23 octobre 2020, qui prévoit le départ des forces et des mercenaires étrangers, ainsi qu’à la poursuite du processus politique sous l’autorité des Nations unies »

un porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères.

« Nous appelons toutes les parties libyennes à soutenir ce processus, à s’abstenir de toute reprise des hostilités et à se concentrer sur la nomination d’un nouvel exécutif et l’organisation des échéances électorales prévues le 24 décembre 2021, comme décidé par le Forum politique libyen, sous les auspices des Nations unies », a aussi conclu le porte-parole adjoint.

La Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) a donc utilisé la commémoration de l’indépendance pour exhorter ses rivaux libyens à respecter le cessez-le-feu et à respecter les engagements convenus. En effet, le pays compte organiser des élections nationales au mois de décembre 2021.

Plus tôt ce mois-ci, 75 politiciens libyens des deux camps se sont rencontrés virtuellement dans un forum politique mis en place par l’ONU. Les candidats sont parvenus à une résolution lors de cette réunion pour tenir des élections l’année prochaine.

Ramazan Calli