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Des manifestations anti-françaises au Mali et Côte d’Ivoire

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Chaque jour qui passe, le bagage colonial de la France connaît des revers à travers le monde, en particulier sur le continent africain dont elle a exploité les ressources pendant des siècles. Les manifestations anti-françaises se multiplient au Mali et au Côte d’Ivoire.

Avec un nouveau réveil au moins dans deux pays africains, les gens sont dans la rue à la recherche de l’éviction des dirigeants pro-France.

En Afrique de l’Ouest, au Mali, pays à majorité musulmane, les citoyens se rebellent contre le président Ibrahim Boubacar Keita pour demander la fin de l’ingérence française dans les affaires intérieures du pays.

Les Maliens parlent officiellement le français mais aussi le bambara et l’arabe. D’ailleurs, c’est le huitième plus grand pays d’Afrique avec d’énormes ressources minérales.

S’adressant à Straturka.com, Mustafa Efe, du centre d’études stratégiques de l’Afrique basé à Ankara, a lié les manifestations anti-françaises au Mali à l’intention de la France d’exploiter les ressources en uranium du pays.

«La France importait de l’uranium du Niger qui s’est tarie tardivement, maintenant, le pays veut obtenir l’uranium du Mali, mais les gens y sont opposés [à cause du passé colonial] », a-t-il dit en faisant référence à la domination de la France sur le continent qui rappelle aux gens des souvenirs durs.

Le Mali, un pays musulman mais laïc

Le Mali compte près de 20 millions d’habitants dont 96% sont musulmans.

«Le statut de l’État est laïc bien que le pays soit musulman et c’est à cause du passé colonial de la France», a expliqué Efe.

Il a déclaré que le pays possède l’un des plus anciens centres éducatifs et bibliothèques islamiques de Tombouctou.

Les attractions du Mali comprennent également la Grande Mosquée de Djenné en plus d’autres sites sacrés.

En mars dernier, le gouvernement a organisé le scrutin parlementaire malgré la peur des attaques et la menace de la pandémie de coronavirus.

Mais le taux de participation était faible, à environ 35%.

Pendant ce temps, la préparation du vote, qui a été remporté par le parti de Keita, a été entachée d’allégations de fraudes.

«Les gens ne sont pas seulement contre le président, mais aussi contre l’ingérence [française] au Mali», a déclaré Efe. « Les gens ne veulent plus se faire exploiter, » souligne-t-il.

Des manifestations anti-françaises avec craintes

Le peuple malien a même accusé ses dirigeants d’être des «gouverneurs de France» lors des manifestations antigouvernementales.

Il a déclaré que la colère des gens contre l’intervention française avait été amplifiée par l’incapacité de Keita à gérer l’économie, touchée par la pandémie COVID-19.

« Il y a un appel à la démission du gouvernement, mais le problème est que cela aggravera les problèmes de sécurité », a-t-il ajouté en se référant à l’opération française Serval qui visait des militants islamiques du nord du Mali, qui avaient commencé une poussée vers le centre du Mali.

Les manifestations actuelles seraient les plus importantes depuis des années.

«Il y a des combats de groupes dans le centre du Mali. La situation sécuritaire s’approfondira de jour en jour », a-t-il dit.

«En outre, il y a eu des manifestations l’année dernière contre le massacre ethnique qui aurait été commis par certaines forces gouvernementales», a-t-il dit.

«Les gens se rebellent plus facilement et cela a conduit à la démission du Premier ministre l’année dernière », explique encore Efe.

Les manifestations anti-françaises s’étendent en Afrique

Les protestations contre l’ingérence française se sont également étendues à la Côte d’Ivoire.

Les manifestations sont devenues violentes et quatre personnes auraient été tuées par les forces gouvernementales lors de manifestations contre la décision du président Alassane Ouattara de se présenter pour un troisième mandat, mais les gens disent que cela est contraire à la constitution.

Pays de plus de 25 millions d’habitants, la plupart de ses habitants en Côte d’Ivoire suivent l’islam.

Le ressentiment contre l’ingérence française est croissant et dans les dernières mesures conjointes contre Paris, au moins 8 pays africains sont allés de l’avant pour retirer leurs réserves de change de la banque centrale française.

Outre le Mali et la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Togo, le Burkina Faso, le Sénégal, le Niger et la Guinée Bissau sont les six autres pays.

Les pays africains ont également remplacé le franc CFA – la monnaie liée à l’euro utilisée dans 14 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre – par une nouvelle monnaie commune d’Afrique de l’Ouest, appelée ECO.

Bien qu’ils aient accédé à l’indépendance il y a des années, les pays africains continuent de déposer leurs réserves de change auprès de la banque centrale française.

Cependant, les pays ont maintenant décidé de transférer leurs réserves au Sénégal. De ce fait, l’hégémonie coloniale française risque de prendre un sérieux revers.

Traduction du site Straturka.com