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Histoires d’immigration turque : notre amour a commencé avec des lettres

immigrés turcs

11ème perron est un livre mémoire avec plein de témoignages de l’immigration turque depuis les années 60. L’auteur, Gökhan Duman raconte avec émotion l’histoire de ces immigrés turcs. Afin de rappeler ces histoires touchantes, Medyaturk Info a traduit certains passages du livre. Nous commençons par cette belle histoire de Bayram qui est à la fois attachante et romantique. Au fil du temps, nous révélerons d’autres histoires.

12 travailleurs logeaient dans une pension à Cologne. Muharram, le plus ancien de notre auberge, était analphabète. Un jour, il est venu avec une lettre à la main et a dit : « ma femme me l’a envoyé, peut-être que tu pourrais me la lire, Bayram ? »

Nous sommes allés sur un rivage, j’ai lu la lettre que sa femme avait envoyée.

Il a écouté et pleuré. Quelques jours plus tard, il me dit : « écrivons une réponse, Bayram. » Nous nous sommes assis et avons écrit deux pages. Puis le temps passe, cette mission m’est restée.

Nous lisions une lettre et répondions toutes les deux semaines. J’étais considéré comme un membre de la famille à présent, je savais tout d’eux.

Je découvre Gülizar

Dans la dernière lettre, la femme de Muharram notait : « Merci à la fille du voisin, c’est Gülizar qui écrit les lettres à ma place quand je le souhaite ». Il s’avérait que la tantine aussi souffrait d’analphabétisme et qu’elle faisait écrire à une personne familière.

Muharram a écrit dans sa lettre de réponse :

Qu’Allah soit satisfait, notre Bayram, il ne refuse jamais. Il lit et écrit pour moi. »

Muharrem

Tout a commencé après ce jour. Sans avertir le frère Muharram, j’ai écrit au bas de la lettre « Demoiselle Gülizar, vous avez une belle écriture qu’il est aisé de lire ». Et elle aussi a commencé à m’écrire des notes…

Au fil du temps, ces notes ont commencé à trouver un quart de page ou même une demi-page. Bien sûr, ni le frère Muharrem ni sa femme ne sont au courant de la situation.

Ainsi nous avons grandi nos sentiments. Je ne pouvais écrire une lettre au nom de Gülizar, car elle avait peur de sa famille.

Enfin j’en ai parlé à Muharrem

Je gardais une partie de la lettre du frère Muharram et communiquer ainsi avec Gülizar. Elle faisait de même. Ainsi leurs lettres d’expatriés sont devenues nos lettres d’amour. Il était temps que j’en discute avec le frère Muharram, je lui ai expliqué.

«Oh Bayram, dit-il, je te disais un mot, tu en écrivais trois, c’était donc pour ça !» avons-nous ri. Nous sommes allés demander la main à Gülizar, nous nous sommes mariés en quatre mois El hamdoulilah.

Mais ils ne nous ont jamais remis ces lettres. Nos lettres d’amour y sont restées.

L’immigration turque vers l’Europe : 60 ans d’histoires

L’immigration turque a commencé le 30 octobre 1961 avec la signature d’un accord entre l’Allemagne et la Turquie.

Après l’accord, 2 500 Turcs ont émigré en Allemagne. Aujourd’hui, ils en sont à leur 3ème génération et sont au nombre d’environ 3 millions. Au fil du temps, les Turcs ont constitué le plus grand groupe d’immigrés d’Allemagne. Entre temps, la population s’est dispersée un peu partout en Europe notamment en France.

Traduite par Sibel Karakus , d’après le livre 11eme Perron