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Soudan: encore une fausse démocratie?

Des Soudanais ont manifesté depuis 19 décembre contre le régime du président Omar el-Béchir. Au Soudan, l’armée a promis, jeudi 11 avril, une « déclaration importante bientôt », déclenchant de nouvelles scènes de liesse devant le quartier général des militaires à Khartoum, où des milliers de manifestants réclament depuis des jours le départ d’Omar Al-Bachir. La télévision nationale a interrompu ses programmes, tôt jeudi, pour diffuser en boucle des chants patriotiques et militaires. « Importante annonce des forces armées sous peu », pouvait-on lire sur un bandeau figé en bas de l’écran.

Encore une fausse démocratie? 

En 2018, l’économie est entrée en récession, et ce, malgré la levée de la quasi-totalité des sanctions américaines en 2017.

L’embargo économique contre le Soudan a été mis en place le 3 novembre 1997, comme sanction envers la politique complaisante du Soudan envers des terroristes dont notamment Oussama Ben Laden qui a vécu dans le pays entre 1992 et 1996. Sachant que Ben Laden lance qu’en août 1996, sa « déclaration de djihad contre l’Amérique », accusée d’occuper la terre sainte d’Arabie, ce qui permet d’habiller le projet révolutionnaire antisaoudien dans une rhétorique hostile aux États-Unis. C’est aussi depuis l’Afghanistan que Ben Laden et al-Zawhiri établissent en février 1998 le « Front islamique mondial pour le djihad contre les juifs et les croisés ».

L’embargo empêche l’importation de biens originaires du Soudan aux États-Unis, il interdisait aux citoyens et entreprises américaines d’être impliqués dans une transaction liée aux hydrocarbures au Soudan. Il interdit également aux citoyens et entreprises américains d’êtres impliqués dans le transport de marchandise en partance du Soudan et enfin il interdit tout financement par des citoyens et entreprises américains du gouvernement soudanais. De plus, l’embargo oblige à obtenir une autorisation pour toutes exportations de matériels agricoles ou médicaux au Soudan.

Diviser pour mieux régner

En 2011 à la suite du référendum d’autodétermination organisé du 9 au 15 janvier 2011, le Soudan du Sud a fait sécession de la République du Soudan le 9 juillet 2011 ; mais malgré la reconnaissance immédiate de l’État par la communauté internationale, des litiges subsistent quant au tracé définitif de la frontière.

D’importants déséquilibres, liés à la perte des trois quarts des exportations pétrolières, suite à l’indépendance du Soudan du Sud en 2011 continuent de peser sur l’économie.

Malgré cela 2011, les exportations de pétrole représentaient 80,2% du PIB. Les principaux clients du Soudan sont la chine (70,4%), Les Emirats Arabes Unis (10,5%) et Japon, Ethiopie, Arabie Saoudite (3,5%, 3,1%, 2,9%).

Dès 2013, le Soudan du Sud, qui a le plus de pétrole, sombre dans une guerre civile particulièrement sanglante entre partisans du président Salva Kiir et ceux du vice-président Riek Machar. Merci d’avoir soutenu la division la communauté internationale.

En 2012, le prix du Brent était de 125,45 dollars, aujourd’hui 66,14 dollars. Alors il est facile d’accusé le président de mal gérer le pays alors les entrées d’argent ont été divisé par 2. Que la France et Macron si les exportations du pays étaient deux fois moindres en 10 ans ?

En 2019, la croissance devrait de nouveau être négative. Le manque d’intégration au commerce international et la faiblesse de l’environnement des affaires limiteront l’investissement privé, alors que de nouvelles mesures d’austérité devraient peser sur l’investissement public.

L’inflation, qui a fortement augmenté en 2018, du fait du retrait de subventions et des dévaluations de la livre soudanaise, devrait se maintenir à un niveau élevé. Elle continuera de peser sur la consommation privée, qui représente près de 80 % du PIB. Cette inflation et ces dévaluations, associées à la faible confiance envers le système bancaire ont conduit à une crise de liquidité. Cette dernière pourrait encore entraver le commerce, dans un pays où la majorité des transactions se font en argent liquide.

Toutefois, le secteur pétrolier devrait bénéficier de l’amélioration des relations avec le Sud-Soudan. En effet, un accord permettrait, en 2019, de relancer la production de champs pétroliers dans la zone du Heglig, revendiquée par son voisin du sud. De plus, s’il aboutit, l’appel d’offres pour l’exploration de gisements, que les autorités devraient lancer en 2019, pourrait soutenir la production à l’avenir. L’économie du Soudan, premier producteur mondial de gomme arabique, continuera de dépendre du secteur agricole (30 % du PIB). Par ailleurs, la production d’or devrait porter le secteur minier.

Que souhaite la communauté internationale ?

Les coups d’État militaires se succèdent à un rythme accéléré dans les pays arabo-musulmans. Après la Syrie, l’Égypte, l’Irak, le Pakistan, c’est au tour du Soudan d’avoir son « homme fort ».

À quelques différences près, le scénario a été partout le même : des officiers disposant de certaines unités de l’armée, s’emparent dans la nuit des bâtiments officiels, des positions stratégiques dans les agglomérations. À l’aube, ou peu après, ils annoncent au peuple que le gouvernement, les partis et les politiciens « corrompus » ont été balayés et que désormais le « peuple souverain réglera l’avenir selon sa volonté et ses intérêts ».

Et bien sur l’homme fort sera adoubé par les Etats-Unis et l’Europe qui enverront dès le lendemain leurs entreprise pétrolières et génie civil. Ces états se rémunéreront avec le pétrole soudanais, en verseront 5 à 10% au pays. Endetté le pays sera « aidé » par FMI qui finira de ruiner l’Etat.

 

Tufekci Fatih