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Can Dundar, héros des « anti-Erdogan »

Le Figaro donne la parole à l’ancien rédacteur en chef du quotidien Cumhuriyet, Can Dundar.

Dans le quotidien le Figaro, Can Dundar a déclaré;

« Il n’y a plus de place pour des médias libres en Turquie ».

Pourquoi pense-t-il ainsi ? Le journal, le Figaro déclare ;

« Can Dundar a été arrêté en 2015 pour avoir révélé la livraison d’armes par les services secrets turcs aux djihadistes en Syrie ».

Mensonges du journal et de Can Dundar. En premier lieu la révélation du « secret défense » est un délit aussi bien en France, qu’en Allemagne, qu’en Turquie ou n’importe où dans le monde.

La loi française est très claire,

L’article 413-9 du code pénal dispose que « présentent un caractère de secret de la défense nationale […] les procédés, objets, documents, informations, réseaux informatiques ou fichiers intéressant la défense nationale qui ont fait l’objet de mesures de protection destinées à restreindre leur diffusion ou leur accès ».

Le délit de compromission n’est pas seulement le fait de rendre public un tel secret. Avoir en sa possession ou simplement prendre connaissance d’un secret protégé au titre de la défense nationale est déjà passible de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 € d’amende (article 413-11, 1° du Code pénal). Toute destruction ou reproduction d’un tel secret caractérise également le délit de compromission.

Les personnes habilitées au secret de défense nationale  commettent également le délit de compromission lorsqu’elles le portent à la connaissance du public, mais également si, par négligence, elles en permettent l’accès.

Deuxième mensonge du journal, qui déclare ; « livraison d’armes …. aux djihadistes en Syrie »

Le mensonge ici est le mot « djihadistes » pour faire croire que la Turquie collabore avec des terroristes. Le mot djihadistes dans son utilisation contemporaine est décrit comme une idéologie politique et religieuse islamiste qui prône l’utilisation de la violence afin d’instaurer un État islamique ou de rétablir un califat.

La livraison d’armes n’avait pas pour destination des terroristes.

À qui donc allaient ses armes ?

Après la révélation « secret défense » de Cumhuriyet, l’État turc était obligé d’en dire plus. Le gouvernement turc a déclaré que les opérations en Syrie se passaient sous couvert de secret car si vous envoyez une déclaration à la presse avant chaque manœuvre militaire, l’ennemie prendrait les dispositions adéquates pour se prémunir. Ensuite le gouvernement a déclaré que les armes n’allaient pas aux djiadistes comme le prétendait Can Dundar mais aux Turkmènes.

Qui sont les Turkmènes ?

Les Turkmènes sont des turcs ethniques qui vivent dans la région de la Syrie, de l’Irak et de l’Iran depuis le XIème siècle. Ils sont majoritairement concentrés dans le nord de la Syrie, sur la zone du Jabal Turkman (Montagne des Turkmènes) dans la province de Lattaquié près de la frontière turque, ainsi qu’à Alep, Idleb, Homs, Tartous et Damas. On estime que leur nombre pourrait se situer entre 500 000 et 3,5 millions de personnes.

Sous la présidence de Bachar el-Assad en Syrie, les Turkmènes n’ont pas le droit d’écrire ou de diffuser des publications en langue turque. Le gouvernement ne les a pas reconnus en tant que minorité, eux ainsi que tout autre groupe ethnique, préférant mettre l’accent sur l’unité arabe du pays.

Soutenus par la Turquie, notamment via la livraison d’armes, ils ont pris part au combat contre le régime de Bachar el-Assad juste après le début du soulèvement en 2011.

Demi-vérités et mensonges du Figaro continuent

Le journal continu avec ses demi-vérités et mensonges ;

« En avril dernier, 14 collaborateurs du journal avaient été condamnés pour avoir «aidé des organisations terroristes»: le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), le Front révolutionnaire de libération du peuple et le mouvement de l’imam Fethullah Gülen – l’ennemi numéro 1 du président turc. »

Ici le journal présente les journalistes comme des héros en mettant «aider des organisations terroristes» entre guillemets, non le figaro le PKK, que vous le vouliez ou non le PKK est considéré comme terroriste par une grande partie de la communauté internationale, dont la Turquie, l’Australie, le Canada, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande, l’Union européenne et le Royaume-Uni. Le PKK est actif surtout en Turquie, en Syrie et en Iran et s’implante de plus en plus en Irak. Il est étroitement lié au Parti de l’union démocratique (PYD) et au Parti pour une vie libre au Kurdistan (PJAK), qui sont considérés comme les branches syrienne et iranienne du PKK. Et le PKK n’est nullement un « front révolutionnaire de libération du peuple ».

Quant aux relations entre le journal Cumhuriyet et Fethullah Gülen cela est un délit car le mouvement FETÖ dirigé par le prédicateur est responsable de la tentative de putsch du 15 juillet 2016. Le groupe FETÖ (Organisation Terroriste du Mouvement Fethullah) est considéré comme terroriste comme son nom l’indique.

D’ailleurs le président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan a déclaré ;

 «Vous devez faire une distinction entre les journalistes et les terroristes. Ceux qui ont tué des gens, devons-nous les appeler journalistes parce qu’ils possèdent des accréditations et des cartes d’identité?».

 

Fatih Tufekci