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Les sanctions américaines pourraient nuire à l’économie turque mais renforcer Erdogan

Le 1er août, Washington a imposé des sanctions à deux ministres turcs, gelant leurs avoirs en réponse à l’arrestation du pasteur Andrew Brunson et d’autres citoyens américains. Pendant ce temps, la lire a poursuivi sa chute, perdant 6% de sa valeur en moins d’une semaine.

L’économie turque, déjà dans un état de fragilité avant les sanctions, notamment à cause de l’attaque de sa monnaie. Même si les sanctions paralysent en partie l’économie de la Turquie, il est peu probable qu’elles menacent le pouvoir du président Recep Tayyip Erdogan.

Erdogan est très populaire depuis son arrivée au pouvoir en 2003, et le coup d’État avorté du 15 juillet 2016 n’était pas seulement une attaque nationale contre l’ordre constitutionnel turc, mais aussi une tentative des «puissances étrangères» occidentales de le faire renverser. Dans cette optique, il s’agissait simplement de la dernière d’une série d’attaques historiques lancées par l’Occident contre la nation turque et la communauté musulmane. Il est à noter que l’instigateur du coup d’État avorté, Fethullah Gulen, est réfugié en Pennsylvanie et que Washington refuse de l’extrader vers la Turquie.

 

Malgré toutes ses attaques la Turquie à une croissance insolente, en 2017 elle est à la première puissance économique du Moyen-Orient devant l’Arabie saoudite et l’Iran, la 7ème puissance économique d’Europe et la 13ème puissance économique mondiale. La croissance record de 11,1% au troisième trimestre 2017 fait de la Turquie l’économie qui croît le plus vite aux mondes et cloue le bec de ses détracteurs. En 2018 elle avait 7,4% de croissance au premier trimestre.

 

Les partisans d’Erdogan estiment que la Turquie peut remplir sa mission historique consistant à faire de la Turquie un grand pays mais ne peut pas restaurer la dignité de l’umma à l’échelle mondiale car d’autres pays comme l’alliance Saoudienne alliée des États-Unis et dorénavant aussi d’Israël depuis l’arrivée au pouvoir du prince Mohammed ben Salmane Al Saoud.

 

La Turquie est attaquée sur sa monnaie pour plusieurs raisons ;

  • La Turquie refuse que les terroristes du YPG créent un territoire autonome/indépendant en Syrie
  • Erdogan refuse de réviser la loi antiterroriste, demandée par l’Union européenne en contrepartie d’une exemption de visa pour les Turcs
  • La Turquie achète le système de défense antiaérienne et antimissile mobile russe S-400 et le Patriot américain
  • La Turquie construit le nouvel aéroport qui sera le plus grand du monde, avec une superficie de 67,5 millions de mètres carrés
  • La Turquie construit le canal Istanbul qui métrait en cause la convention de Montreux qui détermine l’exercice de la libre circulation dans les détroits des Dardanelles et du Bosphore, ainsi que dans la Mer Noire
  • La Turquie construit 2 centrales nucléaires pour une autonomie énergétique
  • La Turquie qui fabrique et exporte de plus en plus ses propres armes
  • La Turquie sera un fournisseur énergétique via gazoducs et oléoducs via comme le Blue Stream, Nabucco, Turkish Stream, South Caucasus Pipeline etc
  • Le fait que la Turquie se rapproche de la Russie, de l’Iran (Ennemie jurée des États-Unis, Israël et Arabie Saoudite)
  • Le fait que la Turquie puisse faire partie de l’organisation de coopération de shanghai (OCS)

Donc, si l’économie turque subit une crise suite aux sanctions américaines, ne vous attendez pas à ce qu’Erdogan soit affaibli au niveau national. En fait, sa base risque de se serrer davantage autour de lui.

Fatih Tufekci