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La presse idéologique : Choisir une proie, la ficher et la définir comme cible

Dans le numéro 2389 daté du 14 juin 2018 du magazine «Le Point», intitulé « Enquête sur le système Erdogan », le mouvement COJEP et son président Ali GEDİKOGLU sont pris pour cibles. «Le Point» a publié des informations entièrement fausses dans le simple but de manipuler l’opinion. COJEP souhaite apporter son point de vue. 

La terminologie et les méthodes utilisées depuis un certain temps par la « presse idéologique » inquiètent les démocraties européennes, affectent et affaiblissent le vivre- ensemble.

L’hebdomadaire français, dans ses derniers numéros, fait sensation dans cette catégorie de «publications idéologiques». Dans un nouveau dossier de 6 pages, «Le Point» diffame et insulte ouvertement le mouvement COJEP, organisation créée il y a plus de 34 ans dans le respect et en conformité avec la loi.

A défaut d’une véritable « enquête », «Le Point» propose à ses abonnés, un portrait sombre, volontairement flou et imprécis, un «collage» de témoignages non vérifiés et bien évidemment diffamatoires sans jamais donner la parole aux intéressés afin d’à minima proposer à ses lecteurs un contradictoire qui leur permettrait de se forger une opinion.

«Le Point» fait fi de toute déontologie et excelle dans l’art de mélanger vraies et fausses informations, l’art des «fake news». Seuls les mêmes «accusateurs» seront interrogés et leurs propos non vérifiés sont assénés comme une vérité ultime aux lecteurs.

En accompagnant le dossier de 6 pages de photos dont la majorité est liée à l’organisation COJEP, le magazine cherche à donner l’impression que le contenu ne concerne que COJEP et son président. Très peu de photos correspondent aux autres personnes ou structures citées dans l’article et aussi prises pour cibles. Ceci démontre bien que «Le Point» a choisi sa cible : l’organisation COJEP.

La particularité de la presse idéologique est d’être de facto partisane. «Le Point» prend clairement parti pour «ses témoins» dans un article 100% à charge sans jamais citer d’éléments concrets mais toujours des récits dignes d’un épisode d’une série d’espionnage américaine. Dans ses deux éditions (éditions du 24 mai et du 14 juin), «Le Point» » suggère que les « Kurdes » (sympathisants du HDP-PKK), les Arméniens, les Alévis (sympathisants du HDP-PKK), les Kémalistes et les Gulénistes (membres de l’organisation terroriste FETO, responsable de la tentative de coup d’état du 15 juillet 2016, dont le leader est Fethullah Gülen exilé aux USA ), sont mis sous pression par l’Ak Parti (parti du président turc Recep Tayyip Erdogan), les services secrets turcs MIT, les sympathisants et les organisations proches de l’Ak Parti.

Des témoignages de gulénistes et sympathisants du HDP-PKK sont mentionnés pour appuyer la volonté de manipuler l’opinion. Tous les «témoins» sont des partisans, avec une idéologie commune, la haine et la volonté politique de « faire tomber» le Président Turc Erdogan et toute personne qui lui apporterait un soutien. La vérité est factuelle et simple à vérifier. C’est bien le Président et ses soutiens y compris des kurdes, des alévis et des arméniens qui sont systématiquement visés dans la presse au quotidien, et toute organisation ou personne publique qui ne jetterais pas l’opprobre sur Erdogan est désigné coupable par ces médias partisans dont le seul filtre est la haine islamophobe pour certains, turcophobe pour d’autres ou tout simplement la haine de perdre pour les opposants.

Ceux qui sont qualifiés de «proches de l’Ak Parti» sont présentés comme des militants antidémocratiques alors que ceux qui usent du terrorisme et de l’intimidation permanente contre le peuple Turc sont érigés en héros.

«Le Point» oublie aussi de préciser qu’aucune enquête judiciaire en cours ou jugée ne fait état ou ne vient corroborer les mensonges abracadabrantesques de leurs «témoins». Un ramassis d’affirmations hasardeuses et sans fondement que tente avec peu de talent de dissimuler «Le Point» » avec ses Unes racoleuses.

La presse idéologique, c’est quoi ?

La réputation d’Ali Gedikoglu, qui n’a fait qu’user de ses droits les plus basiques qui consistent à exprimer ses opinions et à se défendre, est «assassinée», accusé injustement d’attaquer les figures de la laïcité et de l’opposition à l’Ak Parti» en France.

En interrogeant un putschiste, un guléniste, le magazine dévalorise les actions entreprises depuis de nombreuses années par Ali Gedikoglu dans le domaine de la participation démocratique et l’égalité des droits. Il est présenté comme « le produit brut de l’Islam politique ».

Par ailleurs, toute personne est libre de déposer plainte dans ce pays comme dans d’autres mais cela ne signifie pas que ladite plainte aboutira en faveur de son initiateur. Monsieur Gedikoglu sera ravi de partager le moment venu avec le Point toute éventuelle décision qui serait rendue le concernant. Au lieu de défendre la liberté de pensée et d’expression d’Ali Gedikoglu, «Le Point» et les accusateurs veulent restreindre son droit.

Ali Gedikoglu a aussi rencontré l’ancien premier ministre français, Dominique De Villepin. Il a également permis une rencontre entre l’ancien ministre français de l’agriculture, Joseph Daul, et son homologue turc, Mehdi Eker, à Istanbul. Il s’est aussi entretenu avec le premier ministre turc de l’époque (Erdogan) à Prague. Toutes ces rencontres sont dans l’intérêt de ses adhérents. La manière dont les faits sont présentés donne la nausée tant «Le Point» a truffé ses articles d’approximations, de mensonges et de raccourcis faciles.

Les participants et les lauréats des Prix Cojep sont tous «fichés» et marginalisés. C’est un autre exemple caractéristique de la presse idéologique. Toutes ces personnes ont été récompensées de manière transparente, devant l’opinion et les médias. Avec ces méthodes, «Le Point» revient à dire «ne participez pas aux Prix Cojep» et «refusez un Prix Cojep». C’est une volonté de faire peur, intimider et faire pression.

Les Imams, les professeurs de langue turque et certaines associations sont accusées de faire de l’espionnage pour le compte de l’Etat turc. Quelle paranoïa ! Existe-t-il une plus grande attaque que la pression permanente des médias français sur la Turquie ?

Les séries regardées, les musiques écoutées, les magasins Halal, tout est attaqué ! De quel régime autoritaire «Le Point» se veut-il le porte-parole ? Qu’ils installent des caméras dans chaque maison et qu’ils observent quelles séries sont regardées et quelles musiques sont écoutées dans les foyers des familles asiatiques ou africaines !

Les militants du PKK, organisation reconnue comme terroriste par les USA, l’Union Européenne et plusieurs autres pays, manifestent librement et sous protection partout en France, à Lyon, Paris ou encore Strasbourg. Mais ceux qui s’opposent démocratiquement à ces manifestations pro terroristes sont qualifiés de «nationalistes turcs».

Faut-il rappeler que le PKK est à l’origine de la mort de plus de quarante mille citoyens Turcs depuis plus de 30 ans ?! Les putschistes de l’organisation terroriste FETO, les Gülenistes, ont tué 250 civils innocents et blessé plus de deux mille autres la nuit de la tentative de coup d’état du 15 juillet 2016. Que leurs sympathisants soient interviewés et leurs propos repris dans cet article est écœurant et illustre le fait que «Le Point» n’a aucune empathie pour les victimes Turques du terrorisme.

Pourtant, à aucun moment  «Le Point»  rappelle que seuls les membres du PKK sont condamnés en France pour « appartenance à une organisation terroriste et extorsion de fond ». 

Accuser COJEP d’entrisme alors que FETO est le plus grand projet de tentative d’installer un Etat dans l’Etat, ce que même certains journalistes et célèbres détracteurs d’Erdogan reconnaissent ainsi que l’UE, est inacceptable.

Cet article, qui prend le groupe terroriste du PKK et de FETO pour référence, est totalement idéologique. Il n’est absolument pas éthique et vise à manipuler l’opinion publique.

«Le Point» donne l’occasion aux sympathisants du PKK et aux putschistes de mentir à l’opinion publique en leur offrant une tribune dans la presse. Les associations et organisations qui travaillent en toute transparence ne doivent pas être attaquées et discréditées à cause de ces groupes. La vraie menace pour les démocraties européennes ce sont ces organisations obscures et illégales. «Le Point» est aujourd’hui le porte-drapeau de la presse idéologique. Il promeut la fermeture de mosquées, et en profite au passage pour se moquer de la liberté de croyance et de pratique des citoyens musulmans de France.

La presse idéologique avance avec méthodologie

La presse idéologique et partisane, c’est le terme avec lequel je qualifie tout type de journalisme qui, de manière planifiée et réfléchie, fait de la propagande contre tout ce qui est différend en France, en particulier les citoyens issus de l’immigration.

Dans un premier temps, les membres de la «fachosphère» prennent pour cible une personne, un mouvement, un événement et l’attaquent. Ensuite, des figures célèbres de cette fachosphère prennent le relais et diffusent à un plus grand auditoire. Puis les médias de l’extrême droite et les politiciens reprennent des articles entiers. Enfin, entrent en jeux des médias qui se disent « mainstream » mais qui se transforment en médias idéologiques

La presse idéologique est divisible en 3 phases :

1- Les «médias idéologiques» : De manière consciente voire assumée, ils sont partisans, ils prennent parti et effectuent leur métier de journalisme dans ce sens.
2- Les «snipers idéologiques» : Ils se veulent les porte-paroles du camp qu’ils ont choisi. Ils ne font absolument pas du journalisme mais de la propagande.
3- Le «putschisme idéologique» : Il s’agit de pousser l’opinion publique ou l’Etat à «interdire, stopper ou faire chuter» ce qui est choisi comme proie en propageant la peur, l’inquiétude et la méfiance.

Cette stratégie menée en 3 phases est ainsi appelée «presse idéologique».

Ali GEDIKOGLU

Note : Un droit de réponse sera envoyé au magazine Le Point.