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Les traditions du ramadan qui résistent aux siècles

Jeudi 14 juin, les musulmans de Turquie jeûneront pour la dernière fois cette année. En effet, contrairement à d’autre pays la Turquie a adopté la méthode du calcul en opposition à celle de l’observation. Pendant un mois, les citoyens turcs ont vécu un ramadan parfois bien spécifique à la Turquie.

Le neuvième mois du calendrier lunaire est pour les musulmans un mois spirituel. C’est pendant cette période qu’ils célèbrent le mois du ramadan en jeûnant de l’aube au coucher du soleil. En Turquie, certaines traditions de ce mois bénis résistent à la modernité.

Même si pour la plupart des pays islamiques, le calendrier grégorien est en vigueur, les dates religieuses en revanche sont définies par les mouvements de la lune.

Aujourd’hui, certains pays préfèrent suivre la tradition du temps du prophète pour observer la nouvelle lune à l’œil nu, tandis que des pays tels que la Turquie utilisent le calcul astronomique.

Par ailleurs, à la différence de Noel, le ramadan se vit en 4 saisons. En effet, le calendrier lunaire est décalé de 10 jours par rapport au calendrier solaire. Ainsi, tous les ans, le ramadan débute 10 jours à l’avance par rapport à l’année précédente. Ce qui permet de faire un roulement environ tous les 33 ans.

Pendant cette période, en plus du jeûne, d’autres traditions définissent le quotidien des millions de musulmans.

Comme pour tous les pays musulmans, pendant ce mois et depuis le temps du prophète, les turcs accomplissent la prière de « terawih ». C’est une prière collective réalisée dans les mosquées après la prière de la nuit (isha). C’est une occasion pour les habitants du quartier de se retrouver tous ensemble où les enfants s’amusent pendant que les grands prient.

Que serait le ramadan sans les guirlandes (Mahya) des minarets ? Lorsque le sultan ottoman Ahmet Ier a fait construire la mosquée bleue, en 1616, ses minarets ont été décorés avec des guirlandes pour fêter l’arrivée du Ramadan. Depuis, chaque année toutes les mosquées en Turquie accrochent ces guirlandes lumineuses où sont délivrés des messages religieux.

Pour pouvoir tenir toute une journée sans manger ni boire, il faut se réveiller la nuit. A l’époque les réveils n’existaient pas. Alors, des bénévoles ambulants se chargeaient de jouer un tambour traditionnel qu’on appelle « davul » en chantonnant des chansons pour réveiller les habitants. Aujourd’hui, les téléphones portables remplacent le rôles des « davul ». Mais au nom de la tradition, ces joueurs de tambours sillonnent les quartiers pour réveiller les jeûneurs.

Le mois de la solidarité

Le ramadan c’est surtout un mois de partage. C’est le moment où on pense le plus aux nécessiteux. Depuis des siècles, les personnes qui ont les moyens vont à l’épicerie du quartier pour payer les dettes des habitants dans le besoin. Dans certaines villes, cette tradition perdure et des hommes d’affaires rachètent « le cahier de crédit » où est noté la dette de chaque personne.

« Cette année, un homme d’affaire est venu me racheter le cahier en entier », raconte au correspondant d’Anadolu, Hasan Yilmaz, épicier dans un quartier populaire d’Istanbul. « Auparavant, j’ai eu des personnes qui prenaient en charge que les plus démunis », explique-t-il.

Par ailleurs, les musulmans ont l’obligation de s’acquitter de la « zâkat ». Cet « impôt solidaire » correspondant à 2.5% des richesses que la personne possède. Même s’il a la possibilité de le faire tout au long de l’année, la tradition veut que le don soit effectué pendant ce mois sacré.

« Chaque année, nous transmettons dans le monde entier, le don de ces personnes, pour rendre leur vie un peu plus agréable » explique à Anadolu, un responsable de l’association humanitaire IHH.

Que ce soit par le biais des fondations ou les mosquées de quartiers, des colis alimentaires sont également distribués afin d’aider les plus pauvres.

Depuis les années 90, pratiquement toutes les mairies installent des tentes dans plusieurs places importantes des villes afin d’offrir des repas non seulement à ceux qui ne peuvent pas manger correctement mais aussi à ceux qui travaillent et qui n’ont pas eu le temps de rentrer à la maison.

Cette tradition a été suivie par les mosquées aussi bien en France qu’ailleurs dans le monde. Ainsi, pendant le mois de ramadan, des mosquées offrent la possibilité de venir prendre un repas à toutes les personnes musulmanes ou pas.

Une autre bonne pratique du mois du ramadan consiste à se retrouver en famille ou avec ses amis proches autour du repas de rupture du jeûne. Ainsi chaque soir, une famille invite des amis à la maison pour rompre le jeûne.

Enfin le moment le plus attendu aussi bien par les enfants que les adultes, c’est la fête de la fin de Ramadan appelée l’aïd el-fitr.

La veille, les enfants sont surexcités, ils choisissent leurs plus beaux habits pour les mettre lors des fêtes. Le jour J, les hommes et les garçons se rendent, le matin, à la prière de l’aïd. Après cette prière, la tradition veut qu’on se réunisse tous chez l’ainé de la famille. Ainsi, une grande table parfois plusieurs sont nécessaires pour accueillir, les grands-parents, les pères, les mères et les petits-enfants.

Au retour de la mosquée, les enfants embrassent la main des ainés et demandent de l’argent de poche. Ils se chamaillent entre eux pour savoir qui a reçu le plus d’argent.

Après un bon repas festif, tout le monde se disperse pour rendre visite aux autres membres de la famille. Quant aux grands-parents, ils doivent attendre à la maison car ils vont recevoir de la visite.

C’est aussi ce jour, que certains se rendent au cimetière pour prier l’âme de leur proche qu’ils ont perdus.

La fête qui dure 3 jours est surtout un moment de se retrouver en famille, l’occasion d’appeler les proches qui sont loin des yeux et surtout d’être fier d’avoir accompli un devoir spirituel après un mois d’effort.