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Les 10 incendies meurtriers envers la communauté turque

En moins d’une semaine, la communauté turque de France a été visée par deux incendies volontaires. Ces tragédies ne sont pas sans rappeler que l’Europe, plus particulièrement la France et l’Allemagne, a été le théâtre de plusieurs attaques similaires depuis 1992. 

En effet, le 21 mars, un supermarché de Grenoble (sud-est) a été la cible d’un incendie criminel, dans lequel une personne a perdu la vie. Une semaine plus tard, c’est un immeuble abritant des logements et un café, dans la ville de Flers (ouest) qui est détruit, lui aussi, par un incendie volontaire. Selon la presse locale, ce second incendie a débuté à deux endroits différents de la terrasse. Plusieurs personnes, dont des enfants, qui vivaient dans les logements situés au dessus du commerce, ont pu s’échapper in extremis des lieux avant d’être pris en charge par les pompiers.

Au sein de la communauté turque d’Europe, l’inquiétude grandit et certains arguent un potentiel lien de cause à effet avec l’actualité turque en Syrie, plus particulièrement avec l’opération Rameau d’olivier, puisque plusieurs attaques, visant la communauté turque, ont été revendiquées par des groupes d’extrêmes droites, racistes et xénophobes ainsi que par des sympathisants de l’organisation terroriste du PKK.

Ainsi, Anadolu a recensé tous les incendies criminels ayant entrainé la mort et visant des personnes ou des biens de la communauté turque, en Allemagne et en France, depuis 1992.

Depuis, le premier incendie meurtrier de Molln (nord de l’Allemagne), les médias ont rapporté 10 incendies qui ont fait des victimes parmi les citoyens d’origine turque. Dans la plupart des cas, les enquêtes ont permis d’établir le caractère raciste et islamophobe de ces affaires.

Ainsi, le 23 novembre 1992, trois citoyens sont morts dans l’incendie de leur maison. Deux néo-nazis qui ont lancé des cocktails molotov ont été condamnés à 10 ans de prison. L’un des auteurs a retrouvé la liberté après avoir purgé 4 ans d’emprisonnement.

Un des incendies qui a le plus marqué les esprits a été celui de Solingen, près de la ville de Düsseldorf dans le nord de l’Allemagne.

Le 29 mai 1993 un membre d’un groupuscule d’extrême droite allemand a déversé de l’essence avant de mettre le feu dans un immeuble où vivaient des citoyens turcs. Cinq personnes ont trouvé la mort dans cet incendie. Pour ce crime, quatre individus ont été condamnés à des peines de prison allant de 10 à 15 ans. En 2002, trois des condamnés ont été remis en liberté, puis en 2005 le dernier accusé est sorti de prison avant le terme de sa peine.
24 ans après, des commémorations sont organisées chaque année en l’honneur des victimes de cet acte raciste.

2 ans plus tard, en 1995, dans la ville de Stuttgart en Allemagne, deux Turcs ont également trouvé la mort dans l’incendie de leur immeuble. Le criminel a écopé d’une peine de 15 ans de prison.

La même année, le 5 septembre 1995, un restaurant appartenant à un citoyen turc, dans la ville de Lubeck près de Hambourg dans le nord de l’Allemagne, a été incendié causant la mort d’une personne vivant dans l’appartement qui se situait au dessus du commerce. Aucun suspect n’a été identifié et le dossier a été classé sans suite.

L’année suivante, le 15 octobre 1996, trois citoyens turcs ont perdu la vie dans l’incendie de leur immeuble dans la ville de Karlsruhe, non loin de la frontière française. L’enquête n’a toujours pas permis d’identifier les auteurs.

L’incendie le plus meurtrier, qui a visé des Turcs, s’est déroulé le 3 février 2008 dans la ville de Ludwigshafen, près de la ville de Mannheim à une centaine de kilomètres de la frontière française. Retransmis en direct par les chaînes de télévision turques, les images marquantes du sauvetage spectaculaire du bébé prénommé Onur, qui a été jeté d’une fenêtre de l’immeuble, demeurent dans les mémoires. Dans cet incendie, 9 citoyens d’origine turque ont perdu la vie.

Bien que la justice allemande, en collaboration avec la Turquie, ait mis en place une équipe de 50 enquêteurs afin de résoudre cette affaire, la cause de l’incendie n’a jamais pu être déterminée, entraînant le classement du dossier.

L’incendie d’un appartement, qui a eu lieu le 10 mars 2013 dans la ville de Stuttgart, proche de la ville de Mannheim en Allemagne, comme le précédent, n’a lui aussi jamais été élucidé. Les corps de huit personnes, dont sept enfants, ont été retrouvés brûlés. La justice a estimé qu’aucune preuve formelle n’a pu confirmer la thèse d’un incendie criminel. Pour le moment, l’enquête est toujours en cours.

Le premier incendie criminel recensé en France s’est produit le 16 juillet 2014 dans la ville de Mulhouse dans l’Est du pays. Trois personnes, dont un enfant, sont décédées après avoir réussi à sauver deux autres enfants. La justice a rapidement condamné à 18 mois de prison le voisin du premier étage qui avait mis le feu à son propre appartement. Le procureur a estimé que l’incendie était involontaire.

Le 1 octobre 2017, six personnes, dont quatre enfants, ont péri dans l’incendie de leur immeuble dans la même ville de Mulhouse. Selon les informations recueillies par un correspondant d’Anadolu, un homme de 28 ans vivant dans l’immeuble a été rapidement arrêté. Il avait déjà été poursuivi pour avoir incendié des poubelles. Dans une conférence de presse, le procureur de Mulhouse a confirmé le caractère criminel de l’incendie.

Enfin, le 21 mars dernier, un supermarché turc dans la ville de Grenoble (sud-est), a été complètement ravagé par un incendie, après que la société de sécurité Sécuritas ait averti les forces de l’ordre que plusieurs personnes s’étaient introduites dans le magasin. Une personne asphyxiée par les fumées a succombé à ses blessures à l’hôpital. Selon les déclarations de l’entourage du propriétaire de la supérette, qui s’est confié à un correspondant Anadolu, l’incendie serait attribué à des membres du PKK. Pour l’instant aucun suspect n’a été identifié.

Outre ces 10 incendies qui ont entrainé la mort, plusieurs incendies d’origine criminelle, visant spécifiquement les citoyens turcs, ont été rapportés par les médias locaux depuis les années 1960, aussi bien en Allemagne qu’en France. Rien qu’en 2018, Anadolu a recensé plus de 40 attaques contre des intérêts turcs en Europe.

Fatih KARAKAYA
Source AA