MEDYATURK | Publié le . Mis à jour le

Qatar: Bientôt un putsch ?

Lundi 5 juin, l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, le Bahreïn, le Yémen, l’Égypte et les Maldives, annonçaient la rupture de leurs relations diplomatiques avec le Qatar. Mardi 6 juin c’était autour de la Mauritanie et mercredi 7 juin, celui des Comores et du Sénégal. Ensuite Djibouti décide de réduire sa présence diplomatique à Doha, le Gabon appuie la décision de l’Arabie Saoudite. Et enfin, jeudi 8 juin le Tchad qui annonce se ranger du coté du bloc formé autour de l’Arabie Saoudite.
Humour le Soudan et la Somalie se propose d’être les médiateurs entre les « cinq pays arabes frères » afin de « protéger les intérêts des pays et des peuples arabes ».

Au Maghreb, le Maroc, l’Algérie et la Tunisie agissent avec beaucoup de prudence et optent pour le dialogue.

Au-delà du prétexte de « lutter contre un pays qui soutient le terrorisme », il s’agit, encore une fois, de lutte pour le pouvoir au Proche-Orient. Cette rupture survient une semaine après la visite de Donald Trump à Riyad et la fameuse « danse des sabres ».
Le prétexte avancé par l’Arabie « soutient au terrorisme comme Al-Qaida, Al Nosra » est évidemment de la communication à l’intention des Occidentaux

La réalité est tout autre, il y a le soutien qu’assure le Qatar aux Frères musulmans (hostiles à la famille Saoud, au régime militaire égyptien et sur lesquels s’appuie Erdogan qui souhaite renforcer son influence au Proche-Orient). Ensuite Doha hébergeait des dirigeants du Hamas, dont le chef de son bureau politique Khaled Méchaal, depuis qu’ils ont quitté la capitale syrienne lors de l’éclatement de la crise dans ce pays ce qui déplaît beaucoup à Israël.

Base militaire d’Al Oudeïd
Nous pouvons aussi noter la fin du monopole entre Washington et Doha concernant la base militaire d’Al Oudeïd qui peut accueillir jusqu’à 120 avions. Financé par le Qatar. Après son achèvement, cette base est devenue la plus grande base américaine aérienne en dehors des États-Unis. Elle fonctionne comme Hub pour toutes les opérations au Proche-Orient et a été utilisée dans les différentes guerres qu’a connues la région, comme la guerre contre l’Afghanistan, ou l’Irak. En contrepartie, le Qatar recevait la protection américaine.

L’armée truc au Qatar
En effet la Turquie dispose au Qatar d’une base qui capable d’accueillir près de 3.000 soldats des troupes terrestres, des militaires de l’armée de l’air et de la Marine, ainsi que des instructeurs et des forces spéciales. Cet avant-poste permettra à l’armée turque de participer à des opérations militaires éventuelles en mer rouge, en Afrique du nord et dans le Golfe persique. Ainsi, Ankara pourrait affecter l’équilibre sécuritaire de la région. De plus, la Turquie pourra augmenter les ventes de son matériel militaire en proposant au Qatar ses nouveaux chars Altay, des obusiers automoteurs Firtina, et d’autres armements. L’une des raisons pour laquelle le Qatar a signé cet accord sur la construction de la base militaire turque est son désir d’élargir et de diversifier ses méthodes de sécurité (Ne plus compté sur les États-Unis).

Mercredi 7 juin ,le parlement d’Ankara a voté un projet de loi autorisant l’envoie de militaires dans l’émirat. 5 000 hommes seront déployé d’ici quelques jours. Le président turc déclare « en tant que Turquie, nous allons poursuivre et développer nos relations avec le Qatar, comme avec tous nos amis qui nous ont soutenus dans les moments les plus difficiles, notamment le putsch du 15 juillet ».

Jadis, Recep Tayyip Erdoğan avait proposé deux textes de loi, le premier autorisant le déploiement de troupes turques dans l’émirat et le second approuvant un accord de coopération militaire bilatéral. Les deux textes avaient été rédigés avant le début de la crise diplomatique. Dans le cadre d’un accord signé en 2014 avec le Qatar environ 150 soldats turcs y sont déjà présents.

Etats-Unis
Donald Trump jubilait déjà mardi sur Twitter d’avoir su imposer sa volonté sur les Arabes.
«Durant mon récent voyage au Moyen-Orient, j’ai affirmé que le financement de l’idéologie radicale devait cesser. Les dirigeants ont montré du doigt le Qatar – et regardez!»

«C’est si bon de voir que la visite en Arabie Saoudite avec le roi et cinquante pays porte ses fruits.»

Arabie saoudite
l’Arabie saoudite n’est pas en reste car le ministre des Affaires étrangères, Adel Al-Jubeir, déclarait dès lundi « J’espère que nous ne prendrons pas des mesures militaires contre le Qatar mais le scénario d’une intervention de l’armée pour faire renter le petit émirat dans le rang n’est pas totalement écarté »

Tentative de putsch?
Il est fort probable que la brutale rupture des relations diplomatiques ne soit que le prélude à une tentative de déstabilisation de l’émirat par des moyens militaires. Une tentative de coup d’État financée et orchestrée par l’Arabie Saoudite s’inscrirait dans la logique d’escalade avec l’Iran, le Qatar étant soupçonné de complaisance avec Téhéran. Conclusion, la question du terrorisme n’est qu’un écran de fumée destiné à masquer l’enjeu majeur qui est la rivalité Riyad/Téhéran, (Arabie Saoudite/Iran) la lutte pour la prédominance du sunnisme ou du chiisme dans la zone.

La France surf sur la vague
En France, François Bayrou a annoncé mettre fin à l’«avantage fiscal incroyable» accordé par la France au Qatar. Mais la France se tire une balle dans le pied en faisant le suiveur car le Qatar, qui tire sa richesse de l’exploitation de gaz naturel, dispose d’un fonds souverain, le Qatar Investment Authority (QIA), qui a investi environ 335 milliards de dollars dans le monde, et tous particulièrement en France.

A méditer
Ce qui est le plus navrant là-dedans c’est que depuis 1948 la Palestine est en conflit avec Israël. Et depuis presque 70 ans les Arabes non pas réussies à s’unir pour défendre leur frère, ni militairement ni diplomatiquement en imposant un blocus à Israël. Ce qui le plus navra c’est qu’ils sont capables de s’unir en 4 jours pour tuer un autre frère, le Qatar.

FTU