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Jean-Marc Ayrault et « les preuves » de l’implication du régime syrien

La semaine dernière Jean-Marc Ayrault avait promis des preuves de l’implication du régime syrien dans l’attaque chimique de Khan Cheikhoun qui a fait 88 morts, dont 31 enfants, le 4 avril 2017. Le document de six pages composé de notes déclassifié de ses services de renseignements, attribue l’attaque au gaz sarin aux « forces armées et de sécurité syriennes ».

Quelles sont ces preuves?

La France a envoyé des scientifiques prélevés des échantillons sur place. Les prélèvements révèlent la présence de gaz sarin, mais aussi de d’isopropyl méthylphosphonate (DIMP), un produit issu de la synthèse de sarins, ainsi que d’hexamine, un stabilisant. Or ce procédé de fabrication du sarin serait spécifique du régime syrien. Le gaz sarin serait exactement le même utilisé lors du massacre de Ghouta, 21 août 2013, déjà imputé au régime. La France avait gardé des échantillons.
Jean-Marc Ayrault dévoilé ensuite la méthode de propagation du gaz, « il démontré que des armes chargées de gaz sarin ont été employées. Nous savons que l’aviation du régime et en particulier un chasseur-bombardier décollant de la base de Shayrat a effectué des frappes aériennes sur la localité Khan Cheikhoun le 4 avril au matin. Seul le régime syrien dispose de ses moyens. Les auteurs des atrocités de Khan Cheikhoun et des autres attaques chimiques devront répondre de leurs actes criminels devant la justice internationale mais aussi devant l’histoire »

Que valent ces preuves?

Les preuves de Jean-Marc Ayrault ne valent absolument rien et ceci pour plusieurs raisons.
Dire que le gaz utilisé le 4 avril 2017 est le même que celui utilise les 21 août 2013 n’est pas un élément de preuve contre le régime de Bachar Al Assad. Pourquoi me direz-vous ? Car Jean-Marc Ayrault et la presse en général oublient de mentionner des points importants;
– le 16 janvier 2014, le Massachusetts Institut of Technologie (MIT) publie une étude qui accuse les mercenaires qui combattent Bashard Al Assad, d’être à l’origine de l’attaque des 21 aout 2013. La CIA ment depuis 2013 sur ce sujet.
– Le 11 octobre 2014, l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) reçoit le prix Nobel de la paix 2013 pour de superviser le démantèlement de l’arsenal chimique syrien. Donc Bachar Al Assad n’a plus de gaz sarin.

Les preuves de la présence ou non des avions syriens au-dessus de la ville de Khan Cheikhoun sont une demi-vérité. Le document S/2017/315 du Conseil de sécurité des Nations Unies qui devait être la résolution pour une enquête en Syrie, dans le paragraphe 5 demande à Bashard Al Assad ;
a) Fournir les plans de vol, journaux de bord et autres informations concernant les opérations aériennes, y compris tous ceux déposés le 4 avril 2017.
b) Communiquer l’identité de toute personne au commandement d’un aéronef
c) Organiser des réunions, notamment avec des généraux ou d’autres officiers, dans les cinq jours suivant la date à laquelle la demande en est faite.
d) Fournir immédiatement l’accès aux bases aériennes depuis lesquelles le mécanisme d’enquête conjoint ou la Mission d’établissements des faits estime qu’une attaque comportant l’emploi d’armes chimiques aurait pu être lancée.
Comment les services de renseignements français ont-ils pu avoir les renseignements à, b, c et d’alors que Conseil de sécurité des Nations Unies n’a pas pu les avoir faute du veto Russe.

En conclusion

L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) a annoncé, mercredi 19 avril, que des laboratoires en Turquie avaient démontré que l’arme chimique utilisée à Khan Cheikhoun était bien du gaz sarin donc les renseignements français n’apportent pas beaucoup d’éléments nouveaux. La France accable Bashard Al Assad en comparant le gaz sarin du 4 avril 2017 avec celui des 21 août 2013. Or le MIT démontre que Bashard Al Assad n’est pas à l’origine de l’attaque des 21 août 2013. Ensuite Jean-Marc Ayrault dit que des avions syriens ont survolé la ville de Khan Cheikhoun et que donc forcément c’est le régime syrien qui a lâché des armes chimiques au gaz sarin. Or Bashard Al Assad n’a jamais nié que ses avions étaient dans la région, il dit juste ne pas avoir utilisé d’armes chimiques. Ce qu’il faut retenir c’est que le rapport français qui apporte plusieurs preuves indirectes ne prouve absolument pas la culpabilité indéniable de Bashard Al Assad.

FTU