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Syrie : réunions à l’ONU

Réunion au sommet après l’attaque des Américains sur la base d’al-chaayrate, dans la province centrale de Homs.

Jeudi soir, Donald Trump décide de frapper une base aérienne syrienne suite à une attaque « présumée » chimique du président syrien contre des civils dans la région d’Idleb. Il avait la certitude que les avions ayant  procédé à ce bombardement avaient décollé depuis la base aérienne al-chaayrate. Les forces américaines ont lancé 59 missiles tomahawk depuis la Méditerranée sur la Syrie. La Russie a via son représentant au conseil de l’ONU Vladimir Safronkov déclare «Les États-Unis ont attaqué le territoire souverain de la Syrie. Nous qualifions cette attaque de violation flagrante de la loi internationale et d’acte d’agression».

Trump attaque le pays sans aucune preuve de la culpabilité de Bachar al Assad et sans l’aval de l’ONU. Le plus dangereux est le fait qu’il attaque cette base aérienne connu comme un lieu de stockage d’armes chimiques avant 2013. Donc, soit il prend le risque de faire des morts dans la région, soit il sait qu’il ne trouvera rien sur place.

Les États-Unis trouvent intolérable que les russes soutiennent le régime de Damas et bloquent les décisions de l’ONU. Bizarrement, la tolérance n’est pas réciproque quand les présidents américains soutiennent inconditionnellement et bloquent les résolutions de l’ONU concernant Israël. Le fait le plus étrange pour la Russie est qu’en novembre 2013 l’Organisation Pour l’interdiction des Armes Chimiques (OIAC) avait reçu le prix Nobel de la paix suite à la destruction des armes chimiques de Bachar al assad. En effet, la destruction des stocks d’armes chimiques de l’État syrien avait été ordonnée par la résolution 2118 du Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations unies.

Retour en arrière

Mardi matin, une attaque « probablement chimiques » a fait 86 morts à Khan Cheikhoun, la petite ville dans la province d’Idleb dans le nord-ouest de la Syrie. Les forces militaires étatiques syriennes survolent régulièrement la région qui est contrôlée par des rebelles et des djihadistes . Les rescapés de l’attaque, dont des centaines asphyxiés ont été évacués vers un hôpital qui a été bombardé quelques temps plus tard. Les images des victimes dont des enfants ont fait le tour du monde.

La France a réagi par son ministre des affaires étrangères Bernard Cazeneuve . Pour lui les responsables sont clairement identifiés « il n’y a pas de doute, sur les responsabilités de Damas. Il y a des morts, il y a des blessés. On ne peut pas fermer les yeux ». La France a demandé une réunion urgente du Conseil de Sécurité de l’ONU. À la réunion, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni ont proposé au Conseil de sécurité des Nations unies une résolution condamnant l’attaque chimique présumée survenue mardi dans la province d’Idleb, en Syrie. Et c’est justement pour ce « présumée » qu’il est « inacceptable » et « Nous ne pensons pas qu’il soit opportun d’adopter une résolution sur l’attaque aux armes chimiques dans la forme actuelle », a expliqué Maria Zakharova, porte parole de la diplomatie russe.

Comment être sûr de l’origine de l’attaque « chimique » quand Moscou dédouane Damas ? Qui, croire ? L’opposition syrienne qui accuse Damas d’avoir utilisé des obus chimiques ou le régime qui accuse l’opposition ?
Des avions de chasse bombardent la région mais comment confirmer avec certitude que c’est bien eux qui ont lâché des bombes chimiques ? Des médecins sur place dans les hôpitaux témoignent de l’horreur, des journalistes et des observateurs se sont rendu sur les lieux après l’incident mais ont-ils vu les avions de Damas jeter une bombe chimique ?

Indirectement, par logique le coupable désigné est Bachar al assad. L’attaque est comparée avec d’autres qui se sont déroulées dans le passé. Ce qui permet d’élaborer des hypothèses, mais à la sortie de la réunion de l’ONU, personne ne pouvaient trancher à l’aide d’une réalité incontestable.

L’attaque de Khan Cheikhoun est-elle un basculement dans le conflit Syrien ?

Probablement pas, car en 2013 Bachar al Assad avait déjà franchi cette « ligne rouge ». En effet, en août 2013, Bachar al Assad avait utilisé du gaz sarin, inodore, incolore plusieurs centaines de fois plus létale que le cyanure provoquant la mort de plus de 1000 civils. Aujourd’hui l’utilisation de « gaz chloré » est courante en Syrie sans que cela provoque de réaction dans l’opinion internationale. Pourquoi est-ce que l’attaque de Khan Cheikhoun fait réagir ? Jusqu’à présent, l’Occident se moquait éternellement des milliers de morts depuis bientôt 7 ans, dont  652 enfants uniquement au cours de l’année 2016. La mort par l’attaque au gaz de 86 personnes est-elle plus importante que les 320 000 morts causées par cette guerre ? Est-ce parce que ce gaz rappelle les horreurs de la Seconde Guerre Mondiale que l’Occident réagi ainsi ?
Que signifie cette « ligne rouge » ? Pourquoi les 86 morts par  » bombes chimiques » seraient plus intolérables que la mort de 86 morts à l’aide de bombes conventionnelles ?

La ligne rouge a été fixée par Barak Obama. Malgré les réticences de plusieurs de leurs alliés dont la Grande-Bretagne, les États-Unis et la France affichaient leur détermination à agir en Syrie devant l’accumulation des preuves sur la responsabilité du régime syrien dans l’attaque aux armes chimiques du 21 août 2013. Le président des États-Unis avait annoncé qu’il avait pris la décision de frapper la Syrie mais qu’il voulait, au préalable, obtenir l’autorisation du Congrès. Autorisation qu’il n’a pas obtenu. Suite à cette décision du congrès américai, François Hollande refusa de frapper Bachar al Assad, ce qui montra au monde entier que la France ne faisait que suivre les Etats-Unis.

Logique absurde de cette fameuse limite où tout l’Occident brandis est que « l’on peut tuer autant que l’on veux, par tous les moyens que l’on veut, que c’est tolérable mais qu’il y a une ligne rouge ». Alors que la limite devrait être l’attaque des civils. Pourquoi, le gaz comme ligne rouge ? Tout simplement car l’utilisation d’armes chimiques est un crime de guerre. En réalité ce qui provoque le plus mort en Syrie, ce ne sont pas les armes chimiques mais l’utilisation de barils de TNT lancé depuis les hélicoptères qui détruisent des quartiers entiers.

Les États-Unis n’ont pas souhaité soutenir « la révolution Syrienne » débuté en 2011, mais ont préféré le « Parti de l’union démocratique » PYD à partir de la bataille de Kobané ( septembre 2014). Est-ce que Kobané étaient le tel Aviv Syrien ? La réaction pour les membres du PYD de Kobané était très rapide de la part des États-Unis alors qu’il n’y avait pas eu de réaction après le dépassement de la ligne rouge en 2013. Kobané était devenue une extension de la cause nationale américaine.

Qu’est-ce que cela prouve ? Que l’insurrection d’un peuple musulman contre son gouvernement n’était pas important? Que les musulmans ne peuvent vouloir de réelle liberté. Que le musulman est vu comme un islamiste, un radicalisé à en devenir, un terroriste. De l’autre il y a le PYD, des athées marxistes qui sont aux yeux de l’Occident plus louable. L’Occident peut s’identifier au PYD, qu’il utilise comme symbole. L’Occident présente le PYD comme sa propre armée, combattante de la liberté face le terrorisme « islamiste ». C’est la raison pour laquelle les États-Unis soutiennent financièrement et militairement le PYD qui est la branche Syrienne du groupe terroriste PKK.

FTU