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Une nouvelle association de lutte contre l’islamophobie

association islamophobie

Un collectif de personnes déterminées à lutter contre l’islamophobie et la discrimination pour appartenance religieuse, ont annoncé mardi sur les réseaux sociaux avoir fondé une association loi 1901 à cette fin.

« C’est le grand jour ! Des avocats unissent leurs forces pour lutter contre l’islamophobie et les discriminations ! À travers notre association, nous accompagnerons les victimes et prendront entièrement en charge leurs frais judiciaires ! Rejoignez-nous sur http://stopislamophobie.org. », notait le premier tweet posté par l’association « Action Contre l’Islamophobie » (ACI).

Interrogé mercredi par l’Agence Anadolu, Maïtre Rafik Chekkat, avocat de formation, et l’un des membres fondateurs de l’association a précisé les motivations à l’origine de l’initiative, le juriste déplorant notamment « le contexte actuel en France ».

« Les projets de lois gouvernementaux qui viennent restreindre l’autonomie des musulmans constitue un aspect important de ce contexte, notamment la loi « séparatisme », visant à réduire la capacité à agir des musulmanes et des musulmans qui font l’objet d’une surveillance administrative et policière grandissante en France »

Rafik Chekkat

Les musulmans toujours suspects

Le membre fondateur de l’ACI a déploré l’esprit de suspicion voulant être développé par l’exécutif français à l’égard des personnes de confession musulmane :

« En rendant suspectes toutes les associations considérées comme musulmanes, la loi « confortant le respect des principes républicains », dite « loi séparatisme », vient entraver les musulmanes et les musulmans dans leur vie sociale en portant notamment atteinte à la liberté d’association », ajoute le juriste.

Déplorant également le traitement médiatique à charge [des musulmans] ainsi qu’un traitement institutionnel reflétant une logique de ségrégation, Me Chekkat dénonce notamment le ciblage des enfants musulmans dans les « écoles où il y a eu plus d’un millier de signalements après le meurtre du professeur Samuel Paty le 16 octobre 2020.

Des élèves, souvent très jeunes, ont été entendus par les services de la police », a ajouté le juriste dénonçant également « la multiplication et la libération des discours politiques inspirant la méfiance et incitant à la haine vis-à-vis d’une partie des habitants pour leur appartenance religieuse ».

« Les discours politiques et médiatiques dominants transforment l’islamophobie en un plébiscite de tous les jours qui vient limiter l’autonomie musulmane », a estimé Me Chekkat.

« Nous voulons répondre au défi de l’islamophobie en France, être utiles aux personnes qui seraient atteintes ou feraient l’objet d’une forme de discrimination pour motif d’appartenance religieuse », a souligné le juriste.
Collectif de citoyens responsables déterminés à lutter contre l’islamophobie.

Collectif d’avocats au front

Décrivant les membres de l’association en tant que « collectif d’avocats, de juristes et de citoyens responsables », Me Chekkat explique que ce collectif « a décidé de s’organiser pour lutter contre l’islamophobie », à travers la fondation de l’association Action Contre l’Islamophobie (ACI), d’un site internet (https://stopislamophobie.org/) qui permet de signaler des actes islamophobes et d’obtenir des réponses juridiques précises.

L’avocat note qu’« en dehors du volet discriminatoire de l’islamophobie (qui regroupe notamment les droits et libertés), il existe aussi un autre volet qui relève davantage du champ politique : nous allons essayer aussi d’intervenir médiatiquement pour porter la question de l’islamophobie dans les champs politique et médiatique, notamment pour contrer la parole islamophobe dans ces arènes », estime le juriste.

Me Chekkat souligne également l’importance des initiatives citoyennes visant à lutter contre les injustices, l’avocat appelant tout un chacun à se mobiliser pour soutenir l’association constituée de bénévoles :

« Les dons et les adhésions sont primordiales dans cette initiative de lutte contre l’islamophobie, car nous souhaitons prendre en charge l’intégralité des frais de justice des cas que nous suivrons. Il ne s’agit pas pour nous de mettre en lien des personnes victimes d’islamophobie avec des avocats qu’elles devraient ensuite payer seules mais bien de fournir un service, disons, intégral. L’argent ne doit pas être un obstacle pour se défendre contre l’injustice et faire respecter ses droits. Voilà pourquoi les dons et adhésions sont importants », a tenu à souligner Chekkat.

« Dissolutions arbitraires » du CCIF et de BarakaCity

Le juriste a également tenu à souligner toute sa solidarité avec les membres des associations dissoutes l’année dernière par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, notamment l’association de défense des droits et libertés, le Collectif contre l’Islamophobie en France (CCIF), ainsi que l’association caritative musulmane BarakaCity :

« Nous déplorons la dissolution du CCIF et de BarakaCity. Ces décisions reposent sur des motivations purement politiques. Ces décisions étaient foncièrement arbitraires et injustes », estime le juriste établissant que le « décret portant dissolution du CCIF montre clairement que les raisons invoquées sont fantaisistes et ne tiennent pas juridiquement. J’invite toutes les personnes à le lire pour voir à quel point la mesure est arbitraire »

« Nous déplorons l’atmosphère que créent ces politiciens ainsi qu’une partie de la presse française. Nous appelons tous les habitants à agir de façon responsable, de façon à mettre fin à toutes formes de discriminations institutionnelles ou individuelles à l’égard des musulmanes et des musulmans. L’objectif d’ACI n’est ni plus ni moins de rendre ce monde, le nôtre, plus hospitalier », conclut Me Chekkat.