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Manifestation à Paris contre la loi « séparatisme »

Un rassemblement s’est tenu dimanche après-midi, à Paris, à l’appel de plusieurs organisations non-gouvernementales (ONG) mobilisées contre le projet de loi « séparatisme » porté au parlement par le gouvernement français, ainsi qu’à un essor des propos et discours islamophobes dans les champs médiatique et politique.

Un grand nombre d’acteurs sociaux français incluant des associations, et des personnalités publiques, telles que des académiciens, journalistes et personnalités religieuses étaient convenus le 8 février, d’initier un mouvement de coordination afin d’exiger le retrait du projet de « « Loi confortant le respect des principes républicains » ».

Environ 200 personnes réunies, Place du Trocadéro, ont appelé au retrait du projet de loi porté par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin et la ministre déléguée à la Citoyenneté, Marlène Schiappa.

Les manifestants réunis à l’appel du mouvement citoyen « Coordination contre la loi séparatisme », ont notamment dénoncé « le renforcement des discriminations à l’égard des musulmans, acté par la proposition législative jugée « stigmatisante et discriminatoire contre une partie des citoyens français, du fait de leur religion ».

Les intervenants prenant tour à tour la parole face aux contestataires rassemblés dans le respect des mesures de lutte contre la pandémie Covid-19, ont notamment dénoncé les pouvoirs octroyés au gouvernement par le projet de loi, tels que la capacité de dissolution et d’interdiction d’associations.

Fermeture arbitraire des associations

Plusieurs intervenants ont fait état de leur colère, suite à la dissolution d’associations humanitaires comme « BarakaCity » ou de défense des droits de l’homme comme le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), à la fin de l’année dernière.

« Nous sommes ces gens qui se mobilisent pour une minorité qui subit perquisitions, avec femmes et enfants qui sont terrorisés par une politique d’État islamophobe ; qui subit les dissolutions de ses organisations, les fermetures de ses écoles […], une politique d’État islamophobe que vous voyez naître devant vous », a notamment dénoncé Élias d’Imzalène, fondateur du média Web, « Islam et Info ».

Brigitte, une manifestante interrogée par l’Agence Anadolu (AA), a estimé qu’à travers le texte soumis à l’Hémicycle, le Président français, « Emmanuel Macron et son gouvernement font le travail du Rassemblement National [parti français d’extrême droite, NDLR], et d’ailleurs, la présidente du mouvement, Marine Le Pen, ne manque de les en féliciter », a-t-elle déclaré, ajoutant que « la France souffre de problèmes sanitaires économiques, sociaux, des choses graves pour notre société ».

« Incapables de gérer la crise sanitaire de la Covid et la crise économique, aliénés dans l’électorat de gauche par leurs politiques d’austérité, les voilà maintenant à vouloir grappiller des voix à l’extrême droite en discriminant les musulmans dans les paroles et dans les actes, du soir au matin », a ajouté Brigitte se décrivant « comme une citoyenne en colère face à l’entreprise de légitimation de l’islamophobie initiée par un gouvernement de lâches et d’incapables ».

Une coordination contre la loi séparatisme

Réunis à l’appel de dizaines d’ONG telles que la Coordination contre le racisme et l’islamophobie (CRI), le Conseil pour la Justice, l’Égalité et la Paix (COJEP), l’Union des démocrates musulmans français (UDMF), le Parti des Indigènes de la République (PIR), l’Union juive française pour la paix (UJFP), Organization Racism islamophobie Watch (ORIW), ou le Front Contre L’islamophobie Pour L’égalite Des Droits Pour Tou-Te-S, les manifestants ont dénoncé « la volonté manifeste de renforcer, par une loi islamophobe de plus, un appareil d’État de plus en plus autoritaire et répressif » selon les signataires de l’acte de coordination, qualifiant le projet de loi contre le « séparatisme » ainsi que la « Charte de principes pour un Islam de France », comme « une énième tentative de l’État français de s’ingérer dans les affaires des musulmans, de choisir leurs représentants, de surveiller leurs pratiques et de contrôler leurs opinions ».

Le texte débattu à l’Assemblée nationale, au cours des deux premières semaines de février sera soumis mardi (demain), au vote solennel de l’Hémicycle, avant d’être examiné au Sénat, le 17 mars prochain.