MEDYATURK | Publié le . Mis à jour le

Quand Judith Waintraub se fait passer pour une victime

Imane Boon

Le 11 septembre la journaliste du Figaro Magazine, Judith Waintraub avait commenté avec la note « 11 septembre » une vidéo de BFM TV montrant, une étudiante voilée donner des conseils de cuisine pour les étudiants.

En effet, la journaliste faisait allusion aux attentats du 11 septembre 2001, en amalgamant musulman et terroriste a provoqué dans un premier temps une série de réactions indignées, accusant la journaliste de racisme.

Pourtant, après ce tweet, Imane B. a reçu des milliers de messages de la part des fascistes et des islamophobes qui la menaçaient directement.

La ministre déléguée à la ville Nadia Hai publie un tweet pour soutenir Imane. « Parce qu’elle s’appelle Imane et qu’elle porte le foulard Judith Waintraub fait une allusion triste et indigne » s’insurge-t-elle sur son compte twitter.

Mais c’est sans compter sur un compte anonyme qui a 1 seul abonné menace cette fois Judith Waintraub.

En effet dans ce tweet, un certain Mickzerr cite le tweet de la journaliste en commentant : « On va te rafaler ta mère comme 2 frères sur Charlie S/O ».

Aussitôt, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmain, qui n’a pas pensé à soutenir la jeune Imane, pourtant la première victime, réagit pour apporter son soutien à la journaliste du Figaro Magazine.

Une journaliste révèle supercherie

Ne comprenant pas la réaction disproportionnée du ministre, la journaliste Isabelle Kermison essaye de trouver le tweet de menace en question. Comme, elle explique dans un fil twitter sur son compte, elle découvre qu’une personne essaye de contacter la journaliste ainsi que des personnalités publiques comme Zineb El Rhazoui, connue pour ses insultes envers les musulmans.

Dans une conversation privée, un ami de ce fameux Mickzerr explique à la journaliste que « le jeune homme fan de Naruto souhaite présenter ses excuses et qu’il n’a nullement l’intention de s’en prendre à la vie de Waintraub ». D’ailleurs, l’ami raconte qu’il a voulu faire une blague et qu’il souhaite que l’histoire s’arrête là.

Mais c’est déjà trop tard. Des dizaines de personnalités y compris Manuel Valls accusent la ministre Nadia Hai de soutenir « l’islam radical et de céder à l’islamisme ».

Pourtant, la ministre condamne bien les deux situations.

Imane quitte les réseaux sociaux

Ainsi, on se retrouve dans une situation où la vraie victime devient la coupable et la coupable devient juge. Dans un premier temps, la jeune étudiante publie un texte sur son compte Instagram où elle remercie les citoyens de lui avoir apporté un soutien « réconfortant ». Elle explique par ailleurs « qu’elle n’a ni le temps ni l’énergie pour porter plainte et qu’elle veut continuer à se consacrer pour aider les autres ».  

En effet, il faut dire qu’entre-temps la jeune étudiante toujours le sourire au visage, a eu plusieurs menaces de mort. Mais apparemment, pour les pouvoirs publics, le fait qu’elle soit musulmane et voilée justifient ces menaces.

Pourtant, sur les réseaux sociaux des milliers de personnes ont dénoncé cette hypocrisie et ont apporté leur soutien à la jeune Imane avec le hashtag #Je SoutiensImane.

Mais cela n’a pas suffi à calmer les fascistes et Imane a dû fermer son compte pour trouver une vie normale. Souvenez-vous aussi de la chanteuse Mennel qui avait subi le même sort et avait dû quitter The Voice suite à des menaces de mort.

Toute menace doit être punie

Evidemment toute menace de mort doit être condamnée et les auteurs doivent être punis. Cela vaut également pour les victimes musulmanes.  Dans cette affaire, en un seul tweet anonyme, le criminel a réussi à se faire passer pour la victime. Mais comme l’explique la journaliste Feïza ben Mohamed, les islamophobes ont réussi à mettre une stratégie implacable qui permet désormais de sévir en toute impunité sur les réseaux sociaux. Ainsi cette stratégie se résume à :

  1. Inciter à la haine et injurier
  2. Recevoir des centaines de critiques construites
  3. Une menace de mort d’un compte anonyme apparaît comme par magie
  4. Devenir la victime
  5. Oublier la vraie victime

Ainsi, dès qu’un.e musulman.e est victime d’une campagne de menace et de haine, le système politico-médiatique accourt pour inverser les rôles, diaboliser les victimes musulmanes et disculper les haineux. En conclusion, une islamophobie décomplexée s’installe en France.

Fatih KARAKAYA

Photo d’illustration Altair Meldja