MEDYATURK | Publié le . Mis à jour le

Eglise catholique : nouveau scandale de pédophilie

La justice enquête sur de multiples affaires de maltraitance et de violences sexuelles au sein de la communauté traditionaliste de Riaumont, dans le nord de la France. 

Déjà critiquée pour ses méthodes d’éducation parfois violentes et ses liens avec l’extrême droite, ce sont cette fois des faits de pédophilie qui sont reprochés à certains encadrants de cette communauté religieuse dépendant de l’association des éclaireurs neutres de France.

Les victimes seraient les anciens pensionnaires d’un village d’enfants. Alors âgés de 11 à 15 ans et issus de familles très religieuses, ils étaient envoyés à Riaumont en dernier recours. Il s’agissait souvent de jeunes garçons au parcours difficile, parfois renvoyés de leur établissement scolaire en raison de leur comportement. Les faits reprochés datent des années 1990 et 2000.

Plusieurs informations judiciaires ouvertes dans le plus grand secret

D’après des sources concordantes, la justice enquête en effet sur de multiples affaires de maltraitance et de violences sexuelles. Plusieurs informations judiciaires ont été ouvertes. Pour « ne pas gêner la poursuite des nombreuses et difficiles investigations en cours, liées tant à l’ancienneté des faits qu’au nombre de témoins et de victimes, déclarées ou encore inconnues à ce jour, actuellement établies dans diverses régions du territoire, voire à l’étranger », le parquet de Béthune ne souhaite pas communiquer.

200 témoins et victimes auditionnés

Medyaturk est cependant en mesure de révéler que plus de 200 témoins et victimes ont d’ores et déjà été auditionnés par la police, du Vietnam au Canada, en passant par la France. Et ce, depuis 2013, date à laquelle la première plainte pour viol aurait été déposée. Plusieurs anciens encadrants de Riaumont, devenus prêtres par la suite, auraient été mis en garde à vue ces dernières semaines. Les personnes mises en cause ont parfois rejoint d’autres communautés sur tout le territoire français.  L’un d’eux, qui donne des cours de catéchisme dans le Beaujolais, est injoignable depuis trois semaines. Un autre, Bernard M., désormais dans une paroisse bretonne, confirme que « tout le monde est passé au peigne fin ». Le religieux dément cependant avoir été convoqué par la police. Les témoignages, recueillis à son encontre, sont pourtant nombreux.

Des auditions accablantes

Arthur*, un ancien de Riaumont, se voit ainsi « comme un miraculé » lorsqu’il se « compare aux autres ». Lui n’a passé qu’un an dans l’institution avant d’en être retiré par ses parents. En cause : « l’éloignement familial », confie-t-il, mais également un certain Bernard, un « prof de biologie un peu bizarre » qui s’occupait également de l’infirmerie. « Avec lui, on pouvait avoir mal à la tête, mais il fallait quand même inspecter le reste du corps, raconte Arthur. On avait facilement des ampoules au pied et, typiquement, il fallait remonter le long de la jambe pour voir s’il n’y avait pas d’autres problèmes plus haut… »

Colin*, également entendu par la police : « Bernard, c’était le pire de tous. Il s’occupait de l’infirmerie. À l’époque, on se disait : on n’y va pas, avec lui, on va finir en slip ! » Dans le cadre de cette enquête, Colin a passé une journée et demie dans les locaux de la police. Aujourd’hui âgé de 40 ans, il raconte sur Facebook comment s’est déroulé l’interrogatoire : « D’abord, les policiers m’ont posé des questions sur les châtiments corporels et sur les violences gratuites. » L’ancien pensionnaire cite alors les différentes punitions auxquelles les garçons étaient soumis : claques, pompes, travaux de maçonnerie la nuit, suppression de permission (nom donné au seul week-end par mois où les élèves pouvaient rentrer dans leurs familles), supplice qui consistait à rester à genoux sur une règle.

Plusieurs ex-pensionnaires évoquent ce qu’ils ont vécu dans, des anciens élèves des années 70 ont ainsi raconté des faits accablants, bien que désormais prescrits. « J’ai été enfermé dans des douches et reçu quelques coups de ceintures », raconte par exemple Claude. De sombres histoires commençant tout juste à remonter à la surface. Le début d’un scandale qui prend une ampleur nationale.

*: Nom d’emprunt

 

Par YILMAZ M.