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Qui sont les Sébatéens ?

Les Juifs se réfugient dans l’empire Ottoman

Espagne, suite à la Reconquista (reconquête), 2 janvier 1492 par les royaumes chrétiens des territoires de la péninsule Ibérique et des Îles Baléares occupés par les musulmans, les Rois catholiques à l’Alhambra de Grenade signe 31 mars 1492, le décret de l’Alhambra est l’édit d’expulsion des Juifs. Motivé par la volonté de christianiser totalement les Espagne médiévales en prélude à leur unification, il entraîne, quatre mois plus tard, l’expulsion des Juifs d’Espagne.

Les Juifs sépharades en exilent, environ 100 000 se réfugient sont accueillis par le sultan Bayezid II dans l’Empire Ottoman. Ils s’installent à Salonique. En 1493, des Castillans et des Siciliens les rejoignirent puis, les années suivantes, d’autres Juifs issus de ses contrées vinrent mais aussi des aragonais, des Valenciens, des Calabrais, des Vénitiens, des Apuliens, des Provençaux et des Napolitains.

Plus tard, entre 1540 et 1560, ce fut au tour des Portugais de chercher refuge à Salonique à la suite de la politique de persécution des marranes de ce pays.

En plus de ces sépharades arrivèrent quelques ashkénazes originaires d’Autriche, de Transylvanie et de Hongrie parfois transférés de force lors de « sürgün », suite de la conquête de ces terres par Soliman le Magnifique à partir de 1526. Ainsi les registres de Salonique indiquent la présence des « Juifs de Budapest » après la conquête de cette ville par les Turcs en 1541.

Tant et si bien qu’en 1519, les Juifs représentaient déjà 56 % des habitants et 68 % en 1613.

Qui est Sabbataï Tsevi ?

Sabbataï Tsevi naît, le 1er aout 1626 à Izmir (Turquie).Il a été l’étudiant de Joseph Eskapha, le grand-rabbin d’Izmir auprès duquel il reçoit une éducation biblique, talmudique et kabbalistique. À 18 ans, il était déjà considéré comme un grand kabbaliste, ses maîtres le reconnaîtront comme hakham (sage).Sabbataï Tsevi se proclama Messie en 1648, à l’âge de 22 ans. Il s’appuyait sur une interprétation contestée du Zohar (un livre de mystique juive), selon laquelle l’année 1648 devait voir la rédemption du peuple juif.En 1665, son pouvoir sur les masses juives devenait immense. Dans l’Empire Ottoman, d’Alep à Izmir il était reconnu comme le messie. Début de 1666, Sabbataï Tsevi partit pour Istanbul, capitale de l’Empire ottoman. Nathan de Gaza, un de ses disciples avait annoncé qu’il placerait la couronne du Sultan sur sa tête.

Dénoncé aux autorités Ottomanes par les dirigeants de la communauté juive locale comme étant un fauteur de troubles, Sabbataï Tsevi fut convoqué au palais en 1666 pour y rendre des comptes. Après deux mois d’emprisonnement à Istanbul, Sabbataï Tsevi fut envoyé à la prison d’État d’Abydos, où il fut traité avec de grands égards. Il sera ensuite transféré dans la prison de l’actuelle Edirne. En septembre 1666,il fut mené devant le sultan Mehmet IV, et se convertit à l’Islam. Il prit le nom de Aziz Mehmed Efendi. Il justifie sa conversion par un ordre divine mais conserve les pratiques juives et kabbalistes.

Les Sabbatéens (Dönmeh en Turc) sont les disciples de cette secte Juive se cachant à l’intérieur de l’Islam.

Fier de son statut « converti » il s’infiltre dans une société puissante et se donna ainsi les moyens d’entrer dans les petits papiers du sultan Mehmed IV. Impliquée dans la communauté musulmane dans la forme tout en y était totalement étrangère dans le fond, la communauté secrète susmentionnée finit par devenir une véritable société en soi au sein même de la société turque, et ce notamment dans la ville de Salonique. En parallèle, c’est le Comité pour l’Union et le progrès (Ittikat ve Terakki Cemiyeti) qui apparaît dans les hautes écoles militaires d’Istanbul et qui donne naissance au mouvement des Jeunes-Turcs avec des formalités d’admission maçonniques et avec des filiales à l’étranger, notamment à Paris. Le Comité Union et Progrès comportait trois Juifs (MM. Carasso, Cahen et Faraggi), neuf Dönmeh (Djavid Dey, Dr Nazim, Osman, Talaat Bey, Baldgi, Kiani Ipeck, Karakasch, Kiazim et Osman-Adil) et seulement trois Turcs.

Les Sabbatéens restèrent de cette manière dans l’ombre jusqu’au 20ème siècle pour prendre part à la Révolution en tant que Jeunes-Turcs en 1908. En effet, chez les Jeunes-Turcs leurs membres, les plus influents étaient composés essentiellement de Dönmeh et de Juifs non convertis.

Suite à la guerre de libération des Turcs (19 mai 1919 au 11 octobre 1922) s’ensuit la « Grande catastrophe » qui est un échange de populations être la Grèce et la Turquie prévue dans le traité de Lausanne.

En réalité, lorsque les chefs de la diplomatie alliée se réunissent en janvier 1923 à Ouchy, les jeux sont déjà faits. Les départs massifs, à caractère plus ou moins spontané, qui se sont multipliés dans la région durant les deux premières décennies du XXème siècle ont d’ores et déjà permis à la Grèce et à la Turquie de se doter d’un tissu ethnique relativement homogène, la part des éléments extérieurs à la confession dominante s’y trouvant réduite à quelque 10%. Au total, entre 1912 et 1924, 1,2 million Grecs a quitté la Turquie. Dans le même temps, ce sont environ 4 millions de musulmans (Sabbatéens compris) qui ont fui la Grèce. Le traité de Lausanne ne faisait que réglementer ces mouvements. Il prenait acte d’un processus déjà largement entamé.

Après la proclamation de la république de Turquie Tevfik Rustu Arak un dönmeh fut nommé Premier ministre de la Turquie de 1925 à 1938 et Djavid Bey, un autre dönmeh, ministre des Affaires étrangères entre 1925 et 1938, puis président de l’assemblée générale de la Société des Nations en 1937.

Aujourd’hui les Sabbatéens sont largement dominants dans la haute société turque. Ils sont journalistes politiques, soldats, hommes d’affaires, artistes, écrivains, chef de chaîne de télé ou de presse. Les Sabbatéens forment un état profond d’influence politique et d’idée à travers les médias.

 

FTU